Kigali : le Mémorial du génocide

Arrivé à Kigali le 27 mai 2014, le Mémorial est l’un des premiers endroits où j’ai tenu à me recueillir, dès le mercredi 28 mai. Construit récemment, c’est un bâtiment imposant et sobre. De nombreux cadavres et restes humains ont été inhumés dans le terrain autour de ce lieu. Il y aurait 200.000 personnes dont les restes seraient ensevelis ici. La visite est un véritable coup de poing. Dans chaque pièce, il y a plusieurs tableaux qui expliquent les divers moments de ce crime terrible : avant,  pendant et après. Plusieurs pièces sont consacrées aux autres génocides : nazisme, Cambodge, ex-Yougoslavie… La description minutieuse de la manière dont les évènement se sont enchaînés au Rwanda, notamment dans les jours qui ont suivi la destruction de l’avion qui transportait les présidents rwandais et burundais, est hallucinante. Les milices étaient prêtes pour l’horreur, elles quadrillaient tout le pays. Elles se sont mises en action immédiatement, à l’appel des médias de la haine, dont Radio Mille Collines. Dans cette folie sanguinaire, il ne s’agissait pas seulement de tuer, mais de faire souffrir : ces criminels violaient et torturaient les parents devant leurs enfants et les enfants devant les parents. Ils obligeaient des membres de la famille à prendre part aux séances de tortures avant de les y soumettre eux-mêmes. Ils jetaient les corps suppliciés dans des latrines et les laissaient agoniser dans d’horribles souffrances… 300.000 enfants ont été tués, près d’un million de personnes ont disparu dans ces conditions. Une telle cruauté, une telle souffrance, infligée à une partie de la population par une autre, horrifie et questionne à la fois. Comment cette furie a-t-elle pu se déclencher ? Pourquoi ce raffinement de cruauté et de torture : les viols, les mutilations, les souffrances terribles, avec la volonté des criminels parfois de les prolonger jusqu’à la mort. Et aussi, évidemment, le silence de la communauté internationale. Le général canadien Dallaire à l’Onu, au début de ces événements, disait qu’avec 5.000 hommes il pouvait arrêter tout ça. Et au lieu d’intervenir, l’Onu a retiré ses troupes. Et la France, et la France… !

A regarder tous ces événements, j’ai à la fois honte et la nausée. Honte, parce que je suis Français et que je ne peux ni ne veux ignorer la part de responsabilité de mon pays dans cette effroyable tuerie. En sortant du mémorial, je regarde Kigali autrement. Cette ville calme, dynamique, raffinée, propre, abrite aujourd’hui encore, les victimes survivantes ou leurs familles et les génocidaires. Certains sont en prison, sans doute parmi ceux qui ont la plus grande responsabilité dans les crimes, mais de nombreux complices silencieux ou actifs sont en liberté… Sortir de ce crime, reconstruire le vivre ensemble, et donner malgré cette horreur un avenir au pays, tel est le challenge de la société rwandaise.

Plaque commémorative apposée au bâtiment de l'Union européenne
Plaque commémorative apposée au bâtiment de l’Union européenne

Des plaques comme celle ci-dessus ont été apposées à de nombreux endroits et surtout sur des immeubles abritant des institutions. La société rwandaise veut se rappeler l’existence de gens dont parfois toute la famille a disparu et dont il ne reste presque plus rien, que ce souvenir d’un nom inscrit sur une plaque… Et la vie à Kigali donne le sentiment que la population dans son ensemble fait un effort colossal pour retrouver cette humanité et inscrire ces événements tragiques dans l’histoire pour en conserver la volonté de ne plus jamais recommencer, sans verser dans le désespoir et l’abandon.

Il faut aussi réfléchir à notre propre société. L’horreur déclenchée par la haine a déjà existé, en France, à l’époque du nazisme et ailleurs en Europe, il n’y a pas si longtemps. Il ne faut jamais oublier les crimes contre l’humanité, non pas pour la vengeance, mais pour la vigilance. Plus jamais ça !

Un samedi au bord du Tanganyika

Aujourd’hui et demain sont des journées un peu calmes pour moi. Ce matin pas de réveil bruyant et petit déjeuner détendu. Après le travail à l’ordinateur, j’entame une longue marche à la recherche du lac Tanganyika. Je me suis d’abord fourvoyé dans un chemin de terre qui débouchait sur une zone embourbée, avec une myriade d’insectes voletant autour de moi. Je m’en suis échappé rapidement et je suis revenu sur mes pas, jusqu’à la route asphaltée et j’ai pris la direction qui me semblait conduire au lac. Après quelques détours et une bonne heure de marche, je suis arrivé sur une plage, à la porte du port de Bujumbura. Il y avait du monde, des familles, des enfants. J’ai fait ce que j’adore faire quand je n’ai rien à faire : j’ai regardé le spectacle de la vie. Le site est superbe.

Jacques Soncin devant le Tanganyika
Jacques Soncin devant le Tanganyika

D’immenses montagnes se dressent derrière ce lac qui s’étale sur 700 km vers le Sud et mesure en moyenne 50 km de large. Sa surface équivaut à presque dix fois celle du Burundi. Sur sa côte ouest, la République démocratique du Congo, au nord le Burundi, à l’est, la Tanzanie et au sud la Zambie. Avec des profondeurs atteignant les 1.500 mètres, il contient 20.000 km3 d’eau, c’est le plus grand réservoir d’eau douce d’Afrique ! (20.000 milliards de litres d’eau). On y trouve des espèces de poissons qui n’existent nulle part ailleurs. Et puis, on n’est pas loin du berceau de l’humanité : c’est sur les rives du lac Victoria que seraient apparus les premiers homos Sapiens, qui, en 150.000 ans vont coloniser toute la planète… Près du lac, un vent frais permanent rend la chaleur supportable. La plage est propre, mais quand on examine les berges un peu plus loin, on peut apercevoir de véritables déchetteries qui en polluent les abords.

Poubelles et détritus aux abords de la rive du Tanganyika
Poubelles et détritus aux abords de la rive du Tanganyika

Un affluent d’eaux usées se jette dans le lac à un endroit occupé par des poubelles et ordures diverses sur lesquelles jouent et pèchent des enfants ! Il est clair que les autorités burundaises ont du pain sur la planche pour organiser la dépollution des rives et prendre des mesures pour respecter ce lac, essentiel à l’économie des pays riverains et bien au-delà. Alors que je marche au bord de la route, sur laquelle circulent de nombreux véhicules, un chevreuil entreprend la traversée : il est percuté avec une grande violence par une camionnette. L’animal, projeté à quelques mètres de l’impact, git inanimé au milieu de cette artère. L’automobiliste peste contre l’animal : sa carrosserie, déjà pas très brillante, a souffert du choc. Puis, il repart, laissant là le malheureux quadrupède inanimé.

Un chevreuil écrasé sur la route.
Un chevreuil écrasé sur la route.

Quelques instants plus tard, une voiture de police arrive sur les lieux. Les fonctionnaires évacuent la bête après avoir constaté qu’elle était sans vie. Seule, une trace de sang sur la chaussée témoigne encore de l’accident… Un peu plus loin, sur le même boulevard, se dresse un immense panneau publicitaire pour Canal+ ! Intrusion médiatique de la France dans le paysage burundais…

Pub de Canal + sur le boulevard qui mène au lac Tanganyika
Pub de Canal + sur le boulevard qui mène au lac Tanganyika

Le Front national : Une honte pour la France !

Les fascistes se lâchent ! Où est-elle la dédiabolisation dont les « grands » médias nous abreuvent depuis des lustres ? Bien loin de rentrer dans le rang après les bons résultats passés et surtout ceux à venir, promis par les sondages, ils montrent leurs dents, sales et venimeuses.

Dans le cadre de la campagne européenne, Jean-Marie Le Pen, l’increvable président d’ « honneur » (sic) du Front national, discutant avec ses comparses avant un meeting à Marseille, et devant les journalistes, parlant de la surpopulation, et ciblant son discours sur l’Afrique, s’est permis de déclarer « Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois… ». L’ignoble leader du FN se réjouissant d’avance d’une terrible et meurtrière pandémie, imaginez ce qu’en pensent les Africains qui regardent notre pays ! Et puis, quelle ânerie ! Une pandémie naissant en Afrique, arrivée au niveau continental se répandrait au niveau mondial à la vitesse de propagation du virus. Une telle remarque, à la fois bête et méchante, n’a qu’un seul but : afficher la volonté criminelle de ce parti vis-à-vis de l’Afrique. C’est inadmissible. Et qu’on ne vienne pas nous raconter qu’il y a bien sûr Le Pen, vieil extrémiste, mais il y a sa fille, Marine, beaucoup plus raisonnable ! Le discours qu’elle a tenu juste après cette saillie de son père était tout à fait dans la même ligne, concernant l’immigration.

Quant aux candidats « Bleu Marine », soit disant symboles d’ouverture, on voit très bien qu’ils suivent la même direction. Rober Ménard (avec Thierry Rolando) vient de sortir un livre à la gloire de la colonisation et des terroristes de l’OAS, justifiant tous les crimes, sans aucun état d’âme. Que ce sinistre individu, ait fait sa carrière dans une Ong de défense des droits de l’homme, Reporter sans frontières, n’enlèvent rien à la virulence haineuse de ses propos.

AF Ménard Facho

Dimanche 25 mai, ce sont les élections européennes : par-delà toutes les polémiques, il faut tout faire pour que le score de la haine soit le plus réduit possible. Là encore, la responsabilité des médias nationaux, notamment des télévisions publiques et commerciales, est écrasante. N’est-il pas scandaleux d’appeler systématiquement cette formation fasciste « populiste » et quand un politique va très loin il parle des extrémistes, mettant dans le même sac des formations politiques qui n’ont rien à voir les unes avec les autres ? Même le terme « extrême droite » est de plus en plus rarement accolé au Fhaine ou à Madame le Pen, au profit de « populiste ». Et tout ce petit travail de normalisation mené déjà depuis longtemps n’est pas innocent pour l’image du Front national dans l’opinion.

Nous sommes dans une situation difficile et l’avenir est incertain. La montée du Front national est un véritable risque pour notre pays. Il faut y mettre un terme !

Un voyage paisible

Je pars pour les Grands lacs, d’abord le Burundi et ensuite le Rwanda. L’Institut Panos y agit depuis plusieurs années pour participer à la mise en œuvre de médias pluriels, divers et solidaires et pour qu’existe une législation favorable à l’univers médiatique. Les équipes locales ont choisi de créer et développer un Institut Panos local, indépendant de Panos Europe mais en restant partenaire. C’est ce challenge qu’il faut réussir pour faire en sorte que même dans le travail d’une Ong on privilégie la décision et le travail dans la proximité. Retour à Marseille, le 2 juin prochain.

Bizarrement, pour voyager vers le Burundi, il faut d’abord partir au nord. Aussi, ce mercredi 21 mai au matin, très tôt, un taxi m’a conduit à Marignane. Le trajet entre Saint-Antoine et l’aéroport ne dure pas plus de dix minutes mais le prix de la course, équivaut à un aller Paris Marseille en train ! D’accord, il est venu me chercher à cinq heures, c’est quasiment un horaire de nuit. Ensuite, une heure et demi d’avion pour Bruxelles. Et, après deux heures d’attente, embarquement pour Nairobi via Bujumbura. Le vol par Brussels airlines est plutôt sympa. Beaucoup de places libres. Leur matériel vidéo fonctionne bien et on peut travailler sur ordi pendant le trajet. Huit heure de vol, c’est un peu long : repas, travail, dodo et finalement on atterrit à Bujumbura. Je descends là avec une partie des passagers, l’avion va continuer vers Nairobi. Les démarches administratives à l’arrivée sont réduites au maximum et en quelques minutes on est sorti de l’aéroport. C’est rare, une telle diligence, même en Afrique. Cyprien, responsable de l’Institut Panos Grands Lacs m’attend et me conduit à l’hôtel. Sur le trajet, il m’annonce une excellente nouvelle sur le financement de la toute nouvelle ONG. Voilà qui, malgré la nuit sur la capitale burundaise, met un peu de soleil dans notre cœur ! L’hôtel La Palmeraie est super sympa, les chambres sont grandes, bien aménagées et couvertes par la Wi-Fi. Demain, nous commençons à travailler !

LCP et les Nouveaux chiens de garde

Serge Halimi, rédacteur en chef du Monde Diplomatique, avait écrit un livre sur le scandale démocratique représenté par les médias. Cet ouvrage, publié en 1997 et actualisé en 2005, a connu un véritable succès, puisqu’il a été vendu a plus de 250.000 exemplaires. En janvier 2012, Gilles Ballastre et Yannick Kergoat en ont fait un film du même titre. L’ouvrage, et le film par la suite, se livrent à une critique féroce et réaliste des médias. Ils sont dans les mains des puissances d’argent, les grands prêtres qui en officient les meilleurs moments sont évidemment aux ordres de ceux qui les payent : Lagardère, Bolloré, Bouygues, Hersant, Pinault et quelques autres, ils ne sont pas si nombreux à les posséder. Ce sont des puissances d’argent, homogènes politiquement et idéologiquement. Le film décortique la manière dont les médias fabriquent les quelques spécialistes qui vont se promener de plateau en plateau pour débiter leur point de vue uniforme sur tel ou tel événement et notamment sur les questions économiques.  Le livre, comme le film, font le parallèle avec l’ouvrage de Paul Nizan, « les chiens de garde », publié en 1932 et qui dénonce les philosophes bourgeois et leur prétendue objectivité : La pensée bourgeoise dit toujours au peuple : “Croyez-moi sur parole ; ce que je vous annonce est vrai. Tous les penseurs que je nourris ont travaillé pour vous. Vous n’êtes pas en état de repenser toutes leurs difficultés, de repasser par leurs chemins, mais vous pouvez croire les résultats de ces hommes désintéressés et purs. De ces hommes marqués d’un grand signe, ces hommes qui détiennent à l’écart des hommes du commun pour qui ils travaillent, les secrets de la vérité et de la justice« .

Et on pourrait parler dans les mêmes termes des journalistes des grands médias audiovisuels d’aujourd’hui.

Le livre comme le film, sont très argumentés et s’appuient sur des des éléments difficilement contestables.

Il est diffusé le dimanche 18 mai sur LCP. Après le film, quelle surprise de voir un débat organisé sans les auteurs ni les réalisateurs ni les collaborateurs du film ! Seuls sont présents sur le plateau, ces experts permanents et obligés, qui y sont critiqués : Elie Cohen, Dominique Wolton et Franz-Olivier Giesbert. Sans contrepartie, les 3 compères d’accord sur l’essentiel, oublient le film, ne répondent à aucun de ses arguments, s’en tiennent à une critique caricaturale et se livrent à une sarabande d’autojustification.

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Par exemple, le cas de Elie Cohen : il est toujours présenté sur les plateaux comme directeur de recherche au CNRS, professeur à Sciences Po et membre du CAE. Ce qui donne une impression de scientifique objectif qui vient apporter les lumières de ses connaissances. Le film montre que, en réalité, il est membre de divers conseils d’administration de sociétés et de puissances financières. Pour étayer l’exemple, les auteurs découpent ses revenus et montrent que sur les 150.000 euros de rentrées annuelles, seul le tiers correspond à son salaire de chercheur et le reste provient des sociétés qu’il vient défendre sur les plateaux. Le film parle de conflit d’intérêt. Elie Cohen se contente dans ce pseudo débat de vitupérer contre le fait qu’on dévoile ses revenus mais il ne répond évidemment pas à la question principale : quid du conflit d’intérêt ? Et ni l’animatrice ni les autres débatteurs ne soulèvent le problème.

D’une certaine manière, cette pantomime, animée par Emilie Aubry, est une parfaite illustration de ce que dénonce de film. La parole et la raison disparaissent derrière la posture et les gestes…

Décidément le système médiatique français, même sous sa forme « Service public », est bien malade ! Ce que nous montre le film et qu’illustre le débat qui l’a suivi c’est qu’au lieu d’appuyer le fonctionnement démocratique de notre société, les médias en sont souvent l’une des principales entraves !

  • NB
  • Il est possible de retrouver le film et la critique du débat par l’Acrimed sur le site de l’Acrimed (Action, critique Médias) :

http://www.acrimed.org/article4343.html

Solitude, l’esclavage et Napoléon

Lorsqu’on parle de l’esclavage, on oublie souvent qu’il s’agissait d’une véritable industrie et qu’il était totalement intégré au fonctionnement de la société avec son outil de production : l’enlèvement de personnes en Afrique ou leur achat auprès de potentats locaux, leur transport en Amérique ou aux Antilles et toute une réglementation assurant leur propriété, généralement à des colons. Un texte de loi particulièrement révoltant leur est consacré, le Code Noir, publié sous la responsabilité de Louis XIV et, quand les esclaves ont voulu se libérer, l’armée de la France leur a fait la plus sale guerre possible.

La Révolution française de 1789 fait souffler sur les Antilles un vent de liberté. Les planteurs craignent que les idées républicaines ne conduisent à l’abolition de l’esclavage. Ils font alors appel aux anglais qui occupent Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe, au début de 1794. Le 4 février de cette année-là, la convention abolit l’esclavage. Victor Hugues est envoyé en juin en Guadeloupe. Avec l’aide des esclaves libérés, les troupes républicaines repoussent les Anglais. Ayant pris le pouvoir, Napoléon Bonaparte décide dès 1802 de rétablir l’esclavage et il envoie 7.000 hommes, dirigés par le général Antoine de Richepanse combattre les républicains et les esclaves libérés en Guadeloupe. Ces derniers sont désorganisés et moins armés. La brutalité et la cruauté de Richepanse seront telles que les combattants préfèreront mourir que de se rendre : le capitaine Ignace, chef marron rallié à Victor Hugues, se suicide au fort de Baimbridge et le colonel Delgrès mourra avec trois cents de ses compagnons en faisant sauter le bâtiment où ils s’étaient réfugiés.

Parmi les crimes de Richepanse et ses sbires, l’exécution de Solitude fut particulièrement ignoble. Cette jeune femme est issue du viol de sa mère par un marin sur le bateau qui l’emmenait d’Afrique en Guadeloupe. Dès l’adolescence, elle choisit la résistance et devient « nègre marron ». Elle prend alors le nom de Solitude. A l’arrivée de Richepanse, elle se bat aux côtés des troupes républicaines avec l’énergie du désespoir. Après la défaite elle est arrêtée par les sbires de Richepanse. Enceinte, elle est condamnée à mort et pendue le lendemain de son accouchement, le 29 novembre 1802. Elle avait trente ans.

(Pour plus d’information sur Solitude :

https://histoireparlesfemmes.com/2015/12/17/solitude-resistante-guadeloupeenne/)

Pourtant ce Richepanse non seulement fut remercié par Napoléon mais la France donna son nom à une rue de Paris. Il fallut attendre 2001 et l’élection de Bertrand Delanoë pour que, sur sa proposition, le conseil municipal de la capitale décide à l’unanimité de débaptiser cette rue qui s’appelle désormais rue du Chevalier Saint George.

Ce dernier, fils d’une esclave et d’un colon, fut un grand compositeur, un champion d’escrime et capitaine de la Garde. Il vécut dans la deuxième partie du 18ème siècle et mourut en 1799.

Mais il connût une deuxième mort quand le général Bonaparte, premier consul de la première République française , après avoir rétabli l’esclavage aux Antilles le 20 mai 1802, fit brûler toutes ses œuvres le même jour. Napoléon Ier interdit par la suite aux « noirs et gens de couleur » l’entrée à l’armée (29 mai 1802), l’accès au territoire métropolitain (2 juillet 1802) et — pour ceux qui s’y trouvaient déjà — par l’intermédiaire de Claude Régnier*, les mariages entre les Noirs et les Blancs (8 janvier 1803). La destruction de ses œuvres plus les lois raciales qui furent édictées par la suite ont conduit à l’oubli total de Saint-George.Chevalier Saint-George

Jusqu’à ce que des auteurs comme Balzac, Dumas ou de Beauvoir redonnent vie à son immense talent…

Il est dommage que, dans les écoles de la France, on n’apprenne pas la véritable histoire de notre pays et les crimes terribles sur lesquels elle est parfois assise. La compréhension de notre monde, le vivre ensemble et donc la paix y gagneraient beaucoup !

*Note : « EXTRAIT d’une circulaire du grand juge ministre de la justice (Claude Ambroise Régnier) relative à la prohibition du mariage entre les blancs et les noirs.
Du 18 nivôse an 11 (8 janvier 1803).

Je vous invite, M. le préfet, à faire connaître, dans le plus court délai, aux maires et adjoints faisant les fonctions de l’état civil dans toutes les communes de votre département, que l’intention du Gouvernement est qu’il ne soit reçu aucun mariage entre des blancs et des négresses, ni entre des nègres et des blanches.
Je vous charge de veiller avec soin à ce que ses intentions soient exactement remplies, et de me rendre compte de ce que vous aurez fait pour vous en assurer.

Signé : Régnier »

Claude Ambroise Régnier, qui a été le bras armé de Napoléon pour le rétablissement de l’esclavage est entré au Panthéon en 1814 et n’en est jamais sorti.
L’abbé Grégoire qui fut l’instigateur de l’abolition de l’esclavage en 1794, n’est entré au Panthéon qu’en 1989….

Thierry Mariani, un sacré salopard !

.L’enlèvement par secte rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage

Tél est le tweet envoyé par Thierry Mariani pour parler de l’enlèvement de 276 très jeunes filles par la bande d’assassins obscurantistes dénommée Boco Haram. Ce crime s’est produit le 14 avril dernier dans leur établissement scolaire de Chibok dans le nord-est du Nigéria. Parmi elles, 53 ont réussi à s’enfuir, les autres sont détenues et cachées au Nigéria et peut-être dans les pays voisins. Combattu par tous les Etats où il sévit, Boco Haram est un groupe criminel agissant avec des moyens qui laissent rêveurs : véhicules blindés, armes de poing et armes lourdes et grande capacité de déplacement. Certes, l’aventure de Sarkozy en Libye a considérablement contribué à armer les groupes terroristes, comme on l’a vu au Mali, mais vraisemblablement d’autres Etats continuent de les fournir en matériel et en munitions. Le tweet de Mariani est particulièrement pervers parce qu’en à peine deux cents signes il ment, il insulte et il diffame ! Boco Haram est l’ennemi des Etats où il commet ses crimes et il est l’ennemi de toute l’Afrique. Le député UMP transforme donc tout simplement les victimes en coupables ! Il met dans le même sac les ravisseurs et les petites otages africaines ! C’est comme si parlant de Fourniret ou de Dutrou, on disait que la France et la Belgique sont des criminels pédophiles ! Ensuite, associant son putride message au terme « déculpabilisation », il essaie de justifier, de réhabiliter l’ignoble crime contre l’humanité que fut l’esclavage, organisé par les Etats européens, notamment au bénéfice des économies américaines, qui ont profité sur plusieurs générations du travail gratuit et de l’enfer imposé à des millions d’Africain(e)s déporté(e)s par leurs soins. Notons, là encore, que l’Afrique ainsi dépossédée de ses bras les plus jeunes et les plus vaillants a payé très cher le prix de ce forfait. Alors que la France doit s’honorer en reconnaissant ce crime, en dénonçant le Code Noir édicté par Louis XIV et le rétablissement de l’esclavage, décidé par Napoléon 1er, Thierry Mariani sous couvert de déculpabilisation,  s’en fait un zélé propagandiste.

Un sacré salopard, qui fait honte à la France !

Los Angeles : Lourdement condamné pour des propos racistes

Donald Sterling, dont la richesse est estimée à près de 2 milliards de dollars (1,5 milliards d’euros), est propriétaire à Los Angeles d’une franchise de la NBA, les Los Angeles Clipper. Il vient d’être condamné à une amende de 2,5 millions de dollars (1,8 millions d’Euros) et il a été suspendu à vie, il ne pourra plus diriger un club ni assister à un match de la NBA. Les faits ont été révélés par le site internet TMZ spécialisé dans les célébrités. TMZ a publié l’enregistrement d’une discussion privée entre Sterling et sa jeune maîtresse, V. Stiviano, au cours de laquelle il lui reproche d’avoir publié sur Instagram une photo d’elle en compagnie de Magic Johnson, une star du basket de Los Angeles, concluant ainsi sa diatribe lourdement pimentée de poncifs racistes : « sur ton Instagram de merde, tu n’as pas à te montrer à côté de Noirs ! » A peine connue, l’affaire a pris toutes les proportions qu’elle méritait. Adam Silver, le patron de la NBA, a fait connaître son indignation. Il a immédiatement mené une enquête pour vérifier la consistance de ces éléments et a saisi la justice. En poste depuis seulement 3 mois, il a tenu à montrer qu’il ne laisserai pas salir ainsi l’image de la NBA. Quant aux joueurs des Los Angeles Clipper, ils sont atterrés :  Dimanche, ils ont disputé et perdu leur premier match depuis le début du scandale. Ils ont hésité à honorer la rencontre et puis ils ont finalement décidé de jouer en se débarrassant de leurs vestes portant le nom de leur équipe et en s’habillant d’un maillot anonyme. Ils ont aussi porté un brassard noir. La réprobation est montée jusqu’à la Maison Blanche : Obama a pris vigoureusement position en faveur d’une sanction exemplaire contre Donald Sterling.

Lorsqu’on entend les déclarations de Guy Teyssier stigmatisant toute une partie de la population marseillaise et tout un grand continent dont la France a tant profité, on peut espérer qu’à défaut d’appliquer la même sanction, le nouveau président de MPM comprenne bien que, dans ce domaine, l’impunité ne sera pas éternelle.