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France, Afrique, une histoire pavée de crimes…

Au début du XXème siècle, la France affirmait avec insolence et arrogance que le soleil ne se couchait jamais sur le drapeau français. Jolie manière pour dire que ses armées avaient occupé d’immenses territoires d’un bout à l’autre de la planète.

L’Afrique fut, il y a deux-cent mille ans, le berceau de notre humanité. Depuis 4 siècles, elle est envahie, pillée et muselée par les pays européens. De la mise en esclavage industriel, appelé commerce triangulaire, à la découpe du continent entre Néerlandais, Allemands, Anglais, Belges, Français, Portugais, Italiens et Espagnols, les Africaines et Africains ont subi l’avènement du monde moderne avec une violence inouïe, jusqu’aux décolonisations qui ne furent pas, exemptes de crimes, surtout dans le contexte de ce que l’on a appelé, « La Françafrique ».

En Europe, lors des années trente, on a assisté à des bouleversements politiques et sociaux et au développement d’une puissance criminelle en Allemagne : le parti nazi. Devant la volonté des voyous à la croix gammée de dominer le monde, la France et ses alliés entrent en guerre. En juin 1940, les forces de la Wehrmacht envahissent la France, les nazis défilent sur les Champs Elysées, l’extrême droite française se réjouit de cette « divine surprise ». Pétain prend la direction du pays et entame la collaboration avec Hitler. Mais, répondant à l’appel du 18 juin, se lève une autre France. Le Comité de libération nationale souhaite mobiliser l’ensemble de l’empire pour la libération du pays. Et, sans la contribution essentielle de l’Afrique et de ses populations, la France n’aurait jamais pu s’asseoir à la table des vainqueurs.

Issu de la lutte antinazie, composé notamment de John Petters Humphrey et René Cassin et présidé par Eleonor Roosevelt, un comité propose aux Nations unies une « Déclaration universelle des droits de l’Homme ». Ce document est adopté le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU), réunie au Palais Chaillot à Paris. C’est la première fois qu’un texte à vocation universelle reconnaît des droits inhérents à la personne humaine, quel que soit son origine, son genre, son lieu de vie et son niveau social : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » (art.1).

Les idéaux portés par la résistance ont contaminé les territoires sous domination française.

Pourtant, cet esprit de fraternité a rapidement été mis à l’épreuve. Pendant que les autorités militaires allemandes signaient leur capitulation à Berlin face aux alliés, dont la France, des Algériens se réunissent à Sétif, le 8 mai 1945, pour fêter l’effondrement des nazis. Des drapeaux algériens et des pancartes réclamant l’indépendance sont brandis par la foule. Un policier tire et tue celui qui portait le drapeau. La foule manifeste sa colère, des Français sont frappés. L’armée intervient et des massacres sont commis. Les soldats ratissent la région du Constantinois et de la Kabylie orientale.

L’armée assassine à Sétif, Annaba-Bône, à Melbou et Béjaïa, à Constantine, Guelma et Kherrata. La répression impitoyable aboutit à plusieurs dizaines de milliers de morts. La responsabilité de ce massacre est portée par le premier gouvernement de la libération, composé de toutes les tendances de la Résistance, sous la présidence du Général de Gaulle, de Charles Tillon (communiste) à Pierre Mendes-France, de François Billoux à René Pléven.

En 1947, c’est face au soulèvement malgache que l’armée s’est dressée avec une violence criminelle inouïe. On parle de près de 100.000 morts sur l’île de Madagascar ! Aujourd’hui encore, cette insurrection et les crimes qui l’ont écrasée sont commémorés par un jour de deuil national, chaque 29 mars.

La France ne tiendra pas les promesses de la résistance aux peuples colonisés. Dès le début des années 1950 elle développe sa guerre contre les forces indépendantistes en Indochine, jusqu’à Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, où l’armée française subit une cuisante défaite et aux accords de Genève en juillet 1954.

Après cette date, les USA prennent la succession de la lutte contre les peuples d’Indochine. Le 1er novembre 1954, c’est la Toussaint rouge en Algérie. La lutte de libération dure sept ans, les gouvernements successifs mobilisent même le contingent. Ce sera une sale guerre, avec tortures, viols et tueries de masse. Le gouvernement algérien évoque un million de morts.

Pour tenter de stériliser les luttes d’indépendance, la France concocte un projet d’Union française sous les auspices de laquelle des indépendances sont octroyées aux pays sous domination coloniale. Elle impose un système monétaire, avec le franc CFA (franc des Colonies françaises d’Afrique devenu aujourd’hui le franc de la Communauté financière africaine) et des hommes qui lui sont favorables à la tête des Etats. Sékou Touré, de la Guinée Conakry, qui refuse se système se verra imposer des mesures très agressives contre l’économie de son pays. Modibo Keïta qui veut lui aussi donner une autre direction à la politique du Mali sera destitué et arrêté par Moussa Traoré avec le soutien de la France.

Au Cameroun, il existe un fort mouvement indépendantiste organisé dans l’Union des populations du Cameroun (UPC). A l’indépendance, Jacques Foccart, de sinistre mémoire, installe un gouvernement fantoche présidé par Ahmadou Ahidjo. A partir de ce moment, en finir avec l’UPC devient la priorité de la France et de sa marionnette. De véritables massacres en seront la sinistre conséquence.

Mongo Béti, auteur du livre, interdit en France sous Pompidou : « Main basse sur le Cameroun »

Le gouvernement de Charles de Gaulle envoie cinq bataillons d’infanteries commandés par le général Max Briand, vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie, surnommé « le Viking », ainsi qu’un escadron d’hélicoptères et de chasseurs bombardiers. Ce sont les Bamilikés qui paieront la plus grosse note de cette guerre avec près de cent mille morts.

Aux Comores, après le référendum d’indépendance, un gouvernement est mis en place le 3 août 1975. Ali Soilihi Mtsachiya devient le chef d’Etat le 3 janvier 1976. Il tente une politique progressiste et différente de celle voulue par la France. Le Barbouze français, Bob Dénard, le renverse pour le remplacer par Ahmed Abdallah. Ali Soilihi est assassiné le 29 mai 1978. L’utilisation par la France d’une organisation clandestine et criminelle comme la « Main rouge » ou de barbouzes comme Bob Dénard ou le Capitaine Barril est une pratique courante. On retrouvera d’ailleurs Bob Dénard et le Capitaine Barril au Rwanda, au service du gouvernement français, aux côtés des génocidaires, en 1994.

La méthode de la France est toujours à l’œuvre, comme on l’a vu au Burkina Faso, où le Chef de l’Etat, Thomas Sankara, mettant en place une politique dont ne voulait pas la France a été assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou.

Son armée est partout et intervient à volonté de la Libye à la Côte d’ivoire en passant par les Congo. Elle impose ou tente d’imposer ses hommes de pailles à la tête des Etats. On a pu le constater lors des dernières élections au Gabon qui ont donné la majorité à Jean Ping et c’est Ali Bongo Ondimba (fils et successeur d’Omar Bongo) qui est resté à la tête du pays avec l’aval de la France.

Pour en finir avec cette politique et ces méthodes il faut la vérité et la justice, c’est indispensable pour permettre aux peuples de renouer des rapports tenant compte de l’histoire et préparant l’avenir.

Notre humanité est actuellement confrontée à des échéances qui pourraient remettre en cause sa pérennité. Il faut une gouvernance mondiale, des mesures fortes et universelles. Pour que cela soit possible, nos peuples doivent trouver la voie de la collaboration fraternelle, c’est l’enjeu de la confrontation avec la vérité et du choix de la justice.

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » (Martin Luther-King)

Marseille, le 28 janvier 2019

Jacques Soncin

 

Information – Réunion à Marseille, au MUCEM

Le 31 janvier 2019, de 18h à minuit, « Marseille en commun » organise avec le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), dans le cadre de la nuit des idées, une soirée sur le thème : Résistances africaines / Mémoire partagée et vivante des libérations – Sortir de l’oubli.

FELIX EBOUE : Ce que la résistance Française doit à l’Afrique

Félix Eboué est un descendant d’esclaves, né en Guyane française, en 1884. Excellent élève, Félix obtint une bourse pour poursuivre ses études secondaires à Bordeaux, au lycée Montaigne, puis à Paris, à la faculté de droit et à l’École coloniale. Il sort de son cursus bardé de diplômes. En 1910, il est nommé administrateur des colonies à Madagascar, puis en Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine), où il se fait apprécier pour son humanisme, sa volonté de se rapprocher de la population et de s’imprégner des coutumes locales.

Secrétaire général de la Martinique, il devient gouverneur de la Guadeloupe en 1936. La nomination d’un Afro-descendant à un tel poste était une première.

En 1938, il est nommé gouverneur du Tchad. Il travaille à l’équipement en faisant construire des routes, qui serviront aux généraux des régiments africains à remonter vers le Nord.

Lors de la défaite de juin 1940, deux orientations s’affrontent : Montoire et l’appel du 18 juin. Soit on reconnaît la légitimité de Pétain et la légalité de l’armistice signée à Montoire, soit on affirme que la France, avec de Gaulle, reste en guerre et que la seule légitimité c’est la France libre. Dans le premier cas, lors de l’effondrement du Reich, la France fera partie des vaincus, dans le deuxième cas elle sera aux côtés des vainqueurs. C’est tout le sens du combat de la France libre. Les alliés, britanniques et américains, désireux d’affaiblir la position du général de Gaulle, n’hésiteront pas à soutenir contre lui, des pétainistes notoires ou honteux comme l’amiral Darlan ou le général Henri Giraud ou à le contraindre à « cohabiter » avec eux. Il fallait donc une légitimité incontestable à la France Libre pour avoir la force de se débarrasser de ces scories.

Dès le 18 juin 1940, Félix Eboué, administrateur du Tchad, soutient l’appel de Charles de Gaulle et l’invite à Fort Lamy (actuel Ndjamena). Ensemble, ils gagnent le soutien des administrateurs de l’actuelle Centrafrique et celui du Cameroun. Celui du Congo, pétainiste, est arrêté et remplacé par un fidèle. L’essentiel de l’Afrique équatoriale française est alors contrôlé par la France libre.

Le 27 octobre 1940, en réaction à la rencontre de Montoire, le général Charles de Gaulle lance un Manifeste de Brazzaville, capitale de l’Afrique Équatoriale Française (AEF). Il y affirme ainsi son autorité et annonce la constitution d’un Conseil de Défense de l’Empire.

Y figurent les principales personnalités qui l’ont déjà rejoint dont le général Larminat, le gouverneur Félix Éboué, le colonel Leclerc de Hauteclocque ou le professeur René Cassin.

Le 29 janvier 1941, Félix Eboué figure parmi les cinq premières personnes à recevoir du général de Gaulle la croix de l’ordre de la Libération.

Le 11 août 1941, le chef de la France libre le nomme secrétaire général de l’Afrique équatoriale française.

Félix Eboué transforme alors l’AEF en une véritable plaque tournante géostratégique d’où partent les premières forces armées de la France libre, conduites par les généraux de Larminat, Kœnig et Leclerc. Résidant à Brazzaville, il organise une armée de 40 000 hommes et accélère la production de guerre en appliquant enfin la « politique indigène » qu’il a eu le temps de mûrir au cours de sa longue carrière.

Par son action, il met sous l’autorité de la France libre un territoire grand comme cinq fois la France et une armée conséquente.

 Lors de la conférence de Brazzaville, organisée durant la Seconde Guerre mondiale, du 30 janvier au 8 février 1944, par le Comité français de la libération nationale (CFLN), a été décidé le rôle et l’avenir de l’empire colonial français. A l’issue de cette conférence, l’abolition du code de l’indigénat, demandée par Félix Eboué, est décidée.

Par son action, Félix Eboué a incontestablement permis à la France d’être assise, le 8 mai 1945, dans le camp des vainqueurs. Rajoutons que ses quatre enfants, 3 fils et une fille, ont rejoint la résistance et combattu le régime hitlérien. Mort en mai 1944 en Egypte, quelques jours avant le débarquement de Normandie, il n’a pas pu assister à cette défaite du régime nazi à laquelle il a contribué.

La France, par la loi du 28 septembre 1948 ordonna que soient inhumés au Panthéon les restes du premier résistant de la France d’Outre-Mer. La dépouille mortelle de Félix Éboué fut débarquée le 2 mai 1949 à Marseille et il est entré au Panthéon, en compagnie de Victor Schœlcher, le vendredi 20 mai 1949.

Il est le seul afro-descendant, le seul Noir, à être inhumé au Panthéon.

Récemment, à l’occasion de l’entrée de Simone Veil au Panthéon, j’ai regardé 4 émissions sur quatre chaînes différentes sur les hôtes illustres, dont quelques beaux salopards, de ce lieu funéraire. Aucune n’a cité Félix Eboué. Le rôle de Félix Eboué n’est mis en lumière ni dans les enseignements scolaires ni dans les émissions, nombreuses sur la deuxième guerre mondiale, réalisées par les grands médias, publics et privés.

Les années qui ont suivi la libération de notre pays furent marquées par l’oubli de la dette due à l’Afrique : massacre à Madagascar, écrasement sanglant de la révolte au Cameroun, tuerie à Sétif, en Algérie. Les indépendances qui devaient fonder de nouveaux rapports, ne furent qu’un simulacre pour la mise en place d’une France Afrique soumise aux intérêts de la métropole et à la moulinette du Franc CFA, toujours en vigueur. Les tentatives de développement alternatif se soldèrent par des répressions impitoyables, de l’embargo imposé à la Guinée pour punir Sékou Touré d’avoir dit Non à la communauté française à l’arrestation de Modibo Keïta au Mali, de la participation à l’assassinat de Patrice Lumumba au Congo à celui d’Ali Soilihi M’tsashiwa aux Comores, jusqu’à l’exécution de Thomas Sankara au Burkina Faso. Bien sûr, il faut citer aussi la guerre d’Indochine et celle d’Algérie où des peuples ont imposé par la Force ce qu’on aurait dû leur restituer par le droit. C’est aussi dans ce contexte qu’il faut placer la complicité de la France avec le génocide au Rwanda et les crimes terribles qui l’ont suivi dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Les événements récents, la Méditerranée devenue un cimetière pour les migrants ayant quitté l’Afrique, la Coupe du monde où, encore une fois, la France doit sa victoire à des enfants d’Afrique, nous montrent que le malaise réside dans l’oubli systématique de l’histoire des relations entre nos deux continents. Les jeunes Français, comme les jeunes Africains, ont besoin de cette éducation, de cette vérité, qui seule pourra nous apporter des rapports apaisés et égalitaires sur le plan culturel, économique et politique. Et c’est le seul avenir positif envisageable pour la France.

Si elle oublie ce qu’elle doit à l’Afrique, la France, ramenée à ses petites dimensions hexagonales, se perdra écrasée par les jeux complexes des rapports de force mondiaux.

 Jacques Soncin

Le 26 juillet 2018

 Quelques documents sur mon blog pouvant compléter le présent article

 1 – La rafle du vel d’hiv et la bataille de Stalingrad

https://jacquessoncin.wordpress.com/2017/07/16/16-et-17-juillet-1942-la-rafle-du-vel-dhiv-et-le-siege-de-stalingrad/

 2 – Comment des richesses de premier plan ont pu naviguer d’un camp à l’autre en fonction des victoires…

https://jacquessoncin.wordpress.com/2017/09/25/une-richesse-bien-francaise/

 3 – Le génocide au Rwanda et la complicité de la France

https://jacquessoncin.wordpress.com/2014/04/07/le-genocide-des-tutsis-au-rwanda/

Thierry Mariani, un sacré salopard !

.L’enlèvement par secte rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage

Tél est le tweet envoyé par Thierry Mariani pour parler de l’enlèvement de 276 très jeunes filles par la bande d’assassins obscurantistes dénommée Boco Haram. Ce crime s’est produit le 14 avril dernier dans leur établissement scolaire de Chibok dans le nord-est du Nigéria. Parmi elles, 53 ont réussi à s’enfuir, les autres sont détenues et cachées au Nigéria et peut-être dans les pays voisins. Combattu par tous les Etats où il sévit, Boco Haram est un groupe criminel agissant avec des moyens qui laissent rêveurs : véhicules blindés, armes de poing et armes lourdes et grande capacité de déplacement. Certes, l’aventure de Sarkozy en Libye a considérablement contribué à armer les groupes terroristes, comme on l’a vu au Mali, mais vraisemblablement d’autres Etats continuent de les fournir en matériel et en munitions. Le tweet de Mariani est particulièrement pervers parce qu’en à peine deux cents signes il ment, il insulte et il diffame ! Boco Haram est l’ennemi des Etats où il commet ses crimes et il est l’ennemi de toute l’Afrique. Le député UMP transforme donc tout simplement les victimes en coupables ! Il met dans le même sac les ravisseurs et les petites otages africaines ! C’est comme si parlant de Fourniret ou de Dutrou, on disait que la France et la Belgique sont des criminels pédophiles ! Ensuite, associant son putride message au terme « déculpabilisation », il essaie de justifier, de réhabiliter l’ignoble crime contre l’humanité que fut l’esclavage, organisé par les Etats européens, notamment au bénéfice des économies américaines, qui ont profité sur plusieurs générations du travail gratuit et de l’enfer imposé à des millions d’Africain(e)s déporté(e)s par leurs soins. Notons, là encore, que l’Afrique ainsi dépossédée de ses bras les plus jeunes et les plus vaillants a payé très cher le prix de ce forfait. Alors que la France doit s’honorer en reconnaissant ce crime, en dénonçant le Code Noir édicté par Louis XIV et le rétablissement de l’esclavage, décidé par Napoléon 1er, Thierry Mariani sous couvert de déculpabilisation,  s’en fait un zélé propagandiste.

Un sacré salopard, qui fait honte à la France !

Le génocide des Tutsi au Rwanda

Le soir du 6 avril 1994, un Falcon 50 transportant le président rwandais, Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, est abattu par un missile alors qu’il se trouve en phase d’atterrissage sur l’aéroport de Kigali. Immédiatement, au Rwanda et en France, on laisse entendre que c’est le Front patriotique Rwandais (FPR), composé d’opposants Tutsi au régime Hutu en place à Kigali, qui est responsable de ce tir. Le FPR agit à partir de l’Ouganda, où ses forces sont installées. Dès le lendemain, le Premier ministre hutu modéré, Agathe Uwilingiyimana, dix casques bleus belges de la Minuar chargés de sa protection et plusieurs ministres de l’opposition sont tués.

Commence alors le dernier génocide du XXème siècle. Rythmées par Radio Télévision libre des Mille Collines, mise en place par des proches du président Habyarimana avec l’aide de la France, des tueries à grande échelle sont organisées par les milices hutu Interahamwes et les Forces armées rwandaises (FAR). En quelques mois, d’avril à juillet 1994, plusieurs centaines de milliers de Tutsi et d’opposants Hutu à ce massacre vont être systématiquement exterminés à la machette. Hommes, femmes et enfants sont sauvagement torturés avant d’être tués. On parle de plus de 800.000 morts.

1 – Le Rwanda

Adossé à l’Ouest aux Kivu, provinces de l’Est de la RDC (à l’époque le Zaïre), enclavé entre la Tanzanie à l’Est, l’Ouganda au nord et le Burundi au sud, le Rwanda est un tout petit pays, surtout à l’échelle de l’Afrique, plus petit que son colonisateur, la Belgique. L’opposition Hutu / Tutsi a été fabriquée par les puissances qui se sont emparées du pays, d’abord l’Allemagne, ensuite la Belgique. Et, effectivement, depuis l’indépendance au cours de laquelle les Belges ont remis le pouvoir aux mains des Hutu, une forte hostilité,  se transformant en racisme entre les deux communautés, s’est développée et une partie des tutsi s’est alors exilée en Ouganda.

2 – Le rôle de la France

La France, qui occupe le terrain africain depuis la colonisation et les décolonisations, avait quasiment remplacé la Belgique comme puissance tutélaire au Rwanda. Le conflit entre le gouvernement de Habyarimana et le Front patriotique rwandais avait commencé à être réglé par les accords d’Arusha en 1993. Et, le 6 avril, Juvénal Habyarimana revenait d’une réunion où il avait accepté un partage du pouvoir avec le FPR. Les extrémistes Hutu étaient vent debout contre cette décision et la France elle-même n’en était pas satisfaite. On disait dans les milieux proches du pouvoir en France que le FPR était des « Kmers noirs » par référence aux Kmers rouges du Cambodge. Dès l’attentat du 6 avril, la France accuse le FPR. Pourtant, par la suite, tout semble indiquer que le tir provenait du Rwanda. Le rôle obscur du Capitaine Barril, qui a fait partie des super-gendarmes de l’Elysée, fait dire aux milieux proches des Tutsi qu’il n’était pas étranger à cet événement. Le fait est que le génocide s’est déroulé sans que ni la France ni la communauté internationale ne tentent d’y faire obstacle. C’est le FPR, qui, depuis l’Ouganda, a marché sur Kigali pour arrêter le crime. Lorsqu’il fut évident qu’il allait prendre le pouvoir au Rwanda, la France a demandé et obtenu une résolution de l’Onu lui permettant d’intervenir. La résolution 929 du Conseil de sécurité fonde la légitimité de l’opération turquoise, dirigée par le général Jean-Claude Lafourcade. Parties du Zaïre le 22 juin 1994, les forces armées, essentiellement françaises, regroupées dans cette opération vont se déployer au Rwanda et sécuriser à la fois les populations civiles fuyant l’avancée du FPR et les génocidaires craignant le châtiment du nouveau pouvoir. Et ce sont ainsi à des centaines de milliers de personnes que l’Opération Turquoise va permettre de passer du Rwanda au Zaïre voisin où elles vont s’entasser dans d’immenses camps, encadrées par les criminels, qui vont voler, tuer et piller dans les Kivu, où ils se sont réfugiés.

3 – Personnalités françaises au pouvoir et à la décision au moment du génocide :

Président : François Mitterrand ; Premier ministre : Edouard Baladur ; Ministre des Affaires étrangères : Alain Juppé ; Ministre de la Défense nationale : François Léotard ; Secrétaire général de l’Elysée : Hubert Védrine.

En 1994, François de Grossouvre,  conseiller Afrique de Mitterrand, plus ou moins en disgrâce, est toujours en poste à l’Elysée où il a son bureau. C’est lui qui a envoyé Paul Barril au Rwanda. Le matin du 7 avril 1994, Grossouvre, apprenant l’attentat contre le président rwandais, se serait écrié: « Les cons, ils n’ont pas fait ça ! ». À l’Élysée, ceux qui étaient favorables à une solution de force au Rwanda accusaient Grossouvre d’être inféodé aux États-Unis dont il était le contact officieux. Quelques heures plus tard, le soir du 7 avril, son corps est découvert dans son bureau. La thèse officielle affirme qu’il s’est suicidé, mais elle est réfutée par sa famille et ses proches. 

Si l’implication de la France dans ces événements est incontestable, les dirigeants politiques français, de droite comme de gauche, puisqu’ils partageaient le pouvoir à ce moment-là, dénient toute implication dans les crimes et dans le génocide.

Les Rwandais, ont mis en place une Commission nationale indépendante, présidée par Jean de Dieu Mucyo, qui a publié un rapport accablant concernant la participation de la France. Allant même jusqu’à accuser, témoignages à l’appui, des militaires français dans des viols et des meurtres de Tutsi.

CartegénocideRwanda

4 – Conséquences régionales

En déstabilisant l’Est du Zaïre, l’opération turquoise a fragilisé l’ensemble du pays. Elle a ainsi provoqué la chute du dictateur Mobutu que la France soutenait depuis le début de l’indépendance du pays. En 1996, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, dirigée par Laurent-Désiré Kabila, qui était elle aussi établie en Ouganda, entreprend la conquête du pays. Le 17 mai 1997, Kabila entre à Kinshasa. Mobutu s’enfuit. Le Zaïre devient la République démocratique du Congo (RDC). Immédiatement, le nouveau pouvoir doit faire face à l’appétit des puissances régionales, et notamment du Rwanda voisin, qui aurait bien voulu annexer les Kivu. Après les énormes bouleversements provoqués par l’afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés, le dirigeant du FPR, Paul Kagamé, désormais aux affaires à Kigali, veut que les génocidaires répondent de leurs crimes. Il envoie ses troupes pour obliger les réfugiés à rentrer au Rwanda et, depuis lors, la guerre n’a jamais vraiment cessé dans ces provinces avec son cortège de crimes, de viols de masse et de mutilations. Des milices pro et anti rwandaises écument la région ainsi que d’autres groupes criminels, entraînant une insécurité permanente et des affrontements sporadiques extrêmement meurtriers. La multiplication des viols et des mauvais traitements contre les femmes sont devenus une cause majeure de déstabilisation sociale, notamment dans les deux Kivu. On estime à plusieurs millions de morts le prix payé par la population de l’est du Congo démocratique.

Paul Kagamé et François Hollande à Bruxelles le 2 avril 2014
Paul Kagamé et François Hollande à Bruxelles le 2 avril 2014

5 – Barbouzes et basses œuvres de la France

Paul Barril est un ancien gendarme de l’Elysée, il a trempé notamment dans l’affaire des Irlandais de Vincennes et celle des écoutes téléphoniques. Il a ensuite pris son autonomie en fondant sa propre société « Secret » et il a conservé des liens opaques avec les Services français. C’est François de Grossouvre qui l’a présenté au président Habyarimana. Il a travaillé pour le gouvernement rwandais et particulièrement pour les extrémistes hutu. A travers divers témoignages, on le retrouve d’un bout à l’autre du génocide : sur le tarmac de l’aéroport de Kigali quelques jours avant la destruction du Falcon 50 qui transportait les deux présidents, pendant le génocide faisant venir des mercenaires et des armes pour épauler les FAR à la demande du ministre rwandais et, enfin, après le génocide, courant les médias, pour tenter de faire porter la responsabilité de l’assassinat d’Habyarimana au FPR de Paul Kagamé.

Autre Barbouze, dont on a découvert récemment la présence sur les lieux de ce crime, Bob Dénard, alias Robert Martin, puisque c’est sous ce nom qu’il a vendu des armes aux génocidaires. C’est un individu bien connu pour ses activités criminelles au Biafra à la fin des années 60 puis, surtout, aux Comores. Il a été un proche de Foccart et il a toujours organisé ses méfaits dans l’ombre des Services Français. A l’époque de l’indépendance, Bob Dénard et son équipe ont investi les Comores . En 1978, Bob Dénard a destitué le Président Ali Soilih M’tsashiwa, qui travaillait à l’indépendance réelle et à la justice sociale pour son pays. Il a ensuite été assassiné. Quelques années plus tard, son successeur, Ahmed Abadallah, a été tué par les sbires de Dénard. Après le génocide, en 1995, il a organisé, avec une équipe comprenant des activistes d’extrême-droite, liés à l’Œuvre Française des frères Sidos, une nouvelle aventure pour se débarrasser du nouveau président comorien, Saïd Djohar. Pendant le Génocide, toujours sous couvert des services français, on le retrouve au Rwanda, puis dans le Sud-Kivu, à Bukavu, trafiquant des armes au profit des Interahamwe (ceux qui travaillent ensemble  en langue Kinyarwanda, milice criminelle devenue bras armé du génocide) réfugiés dans les Kivu.

6 – Polémique sur l’élément déclencheur du génocide.

Depuis le début la France tente de refuser sa responsabilité dans ce crime. Pourtant, cette activité « barbouzière » masque mal les services secrets français qui se cachent derrière elle. Mais il y a aussi l’accusation récente portée contre Hubert Védrine, alors Secrétaire général de l’Elysée, assurant que c’est lui qui avait exigé que les soldats français fournissent des armes aux génocidaires en fuite, ce qui vise clairement la France.

Le juge français Bruguière a tenté d’inculper des proches de Paul Kagame dans l’affaire de la destruction du Falcon 50. Mais le juge Trévidic, qui lui a succédé, est revenu sur ces accusations et le rapport d’expertise qu’il a commandé semble impliquer totalement la garde des rwandais Hutu extrémistes, en poste à Kanombe.

Guillaume Ancel, était lieutenant colonel de l’armée française, il a fait partie de l’opération turquoise et il revient dans la vidéo ci-dessous sur ces fameux tirs de missiles déclencheurs du génocide :

https://www.dailymotion.com/video/x7562im

Ajout du 17 mai 2020, après l’arrestation à Paris de Félicien Kabuga

7 – FRANCE : LE SYNDROME FAURISSON SUR LE RWANDA

Chaque grand crime est accompagné d’immenses mensonges pour camoufler l’ampleur des massacres et tenter de les justifier. Le rôle de la France dans le massacre des Tutsi avant, pendant et après le génocide fait partie de ce qu’on peut appeler le syndrome « Faurisson » du nom de ce sinistre individu qui a passé sa vie à tenter de nier les crimes nazis. Emmanuel Macron s’était engagé à faire toute la lumière sur l’implication de la France. Est-ce le sens de l’arrestation, le samedi matin 16 mai 2020, de Félicien Kabuga, l’un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale dans le cadre du génocide rwandais ? Effectivement, il s’agit d’un très gros poisson ainsi péché par l’équipe du colonel Eric Emeraux qui dirige l’office de lutte contre les crimes contre l’humanité. « C’est une belle journée pour la justice internationale » a-t-il déclaré pour saluer cette arrestation qui s’est déroulée à Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, où ce criminel de 85 ans coulait des jours tranquilles sous une fausse identité. A l’époque du génocide, il était un proche du parti au pouvoir à Kigali et surtout de l’épouse du président. Un an avant, pour préparer ce crime, il avait, avec Agathe Habyarimana, mis en place et financé une radio qui a annoncé puis rythmé les massacres. Radio Télévision Mille Collines (RTMC) a été la terrifiante voix de la mort du 6 avril à la fin juin 1994. Le soir de l’attentat contre l’avion présidentiel, les animateurs de la radio ont commencé vers 21 heures, quelques dizaines de minutes seulement après le crash.

Mais cet événement, qui siffle le début de l’ignoble massacre, est évoqué quelques jours avant sur les ondes de la RTLMC :

« Le 4 ou le 5, il va se passer un petit quelque chose, annonce avec cynisme un animateur. A Kigali, en ces journées de Pâques, une petite chose est prévue. Cette petite chose va continuer les jours suivants… Hohoho ! »

A partir de ce moment, les animatrices et animateurs qui se succédaient au micro appelaient les auditeurs à tuer les Inyenzi (cafard, cancrelat, en Kinyarwanda), à leur faire regretter d’être nés.

Par ailleurs, le même Félicien Kabuga, qui était une des grosses richesses du Rwanda, un mois avant le début des massacres, a importé 25 tonnes de machettes chinoises, et c’est avec ces armes que 800.000 tutsi, hommes, femmes et enfants ont été violentés, torturés odieusement et finalement tués. Enfin, c’est le parti au pouvoir sous la houlette notamment de Agathe Habyarimana qui a organisé les milices Interahamwe qui ont constitué le bras armé des tueries. Agathe Habyarimana, autre gros poisson de ce génocide, a été exfiltrée par la France le 9 avril 1994, elle a reçu une somme rondelette à son arrivée à Paris. Elle habite actuellement dans le département de l’Essonne sous sa propre identité et sans problème malgré les demandes répétées de la justice rwandaise pour qu’elle réponde de ses crimes et la plainte déposée en février 2007 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda pour « complicité de génocide et crimes contre l’humanité ».

Quelle que soit la réalité des crimes dont elle est accusée, il est incontestable que la France porte une lourde responsabilité  dans ce qui fut le dernier génocide du vingtième siècle.

Visite du mémorial du génocide.

Marseille, le 6 avril 2019 complété le  17 mai 2020

Jacques Soncin

Le 5 juillet 1962, Indépendance de l’Algérie

19 mars 1962, le gouvernement français et les combattants algériens, représentés par le Front de libération nationale (FLN), décidaient le cessez-le feu en Algérie. C’était la fin d’une guerre, injuste, sanglante et cruelle menée par la France contre l’indépendance du peuple algérien. Pour le mettre à genoux, les militaires français ont tout essayé les viols, terribles et nombreux, le terrorisme avec l’OAS et la torture avec des gens comme Le Pen ou des généraux… comme Raoul Salan. Cette sale guerre coloniale a massacré entre 500.000 et 1 million d’Algériennes et d’Algériens, plus de 30.000 militaires français ont été tués, 8.000 villages ont été incendiés et détruits, plus de 2 millions d’Algériennes et d’Algériens ont été déportés dans des camps d’internement.
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La veille de ce cessez-le-feu, le 18 mars 1962, la délégation du Gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA) de 12 personnes, dirigée par son vice-président, Krim Belcacem, signait ce que l’on a appelé les accords d’Evian avec une délégation représentant le gouvernement français composée de 11 personnes dont, notamment, Louis Joxe, Bernard Tricot et Jean de Broglie (qui sera assassiné plus tard, par un groupe se revendiquant de Charles Martel, signature habituelle de l’OAS). Ce texte fixait un cessez-le-feu pour le 19 mars à midi, décidait l’organisation de deux référendums, établissait le statut de la minorité européenne d’Algérie, évoquait le Sahara et les essais nucléaires ainsi que les bases militaires françaises. Ces accords impliquaient aussi une vaste politique d’immigration d’algériens vers la France pour répondre aux besoins industriels de l’ancien colonisateur.

anniversaire du cessez le feu en algérie
Les accords d’Evian, le 18 mars 1962

En avril 1962, les français de métropole se prononçait pour l’indépendance de l’Algérie avec  90% de oui. Le 1er juillet 1962, tous les habitants d’Algérie (exceptés les soldats du contingent), étaient appelés aux urnes et approuvaient l’indépendance par 99% des votants. Le 5 juillet 1962 l’indépendance de l’Algérie était proclamée. Après le 5 juillet, c’est Ferhat Abbas qui dirige le pays jusqu’au 15 septembre. En septembre 1962, Ahmed Ben Bella met en place le gouvernement, rédige une constitution et devient en septembre 1963 le premier président élu de l’Algérie indépendante.

De fortes divisions au sein du Fln et des règlements de compte, notamment contre les harkis, supplétifs algériens de l’armée française, abandonnés par la France qui a refusé à la plupart de quitter l’Algérie avec l’armée, feront de très nombreuses victimes.

L’extrême-droite « Algérie française » a tout fait pour empêcher l’indépendance multipliant les attentats. Elle a redoublé dans le crime après le 18 mars créant un bain de sang pour ne laisser qu’une possibilité à la population non musulmane, dite « Européenne », celle de fuir massivement l’Algérie indépendante, appliquant ainsi leur sinistre mot d’ordre : « la valise ou le cercueil »

Evoquant les crimes de l’OAS, Laïd Lachgar écrit : « Comment dire que des Algériens étaient suspendus au travers d’une rue de Bab El Oued et imbibés d’essence pour les transformer en torches humaines ? »

« Comment rendre-compte, à 50 ans de distance, de crimes ordonnés et exécutés par les tueurs des groupes Delta de l’OAS, dans la principale et chic avenue d’Alger, rue Michelet à l’époque, qui assassinaient plusieurs algériens tous les cinquante mètres, d’une seule balle dans la nuque, comme s’il s’agissait d’un concours de tir ?

Comment dire (et être cru aujourd’hui) que les cortèges funéraires algériens se rendant au cimetière d’El Kattar étaient soumis à des fusillades par l’OAS à partir de terrasses d’immeubles de Bab El Oued ?

Comment parler des enseignants exécutés » ?

Les sbires de l’Oas dont certains seront condamnés par la justice française, rentreront en France et seront plus tard, avec les rescapés de la Collaboration, à l’origine du parti de la haine, le Front national, devenu maintenant le Rassemblement national en référence avec le parti de la collaboration fondé par Marcel Déat.

Aujourd’hui, plus d’un demi siècle plus tard, il faut une politique d’ouverture et de coopération. Il faut que les jeunes français de toutes origines connaissent réellement l’histoire de l’Algérie, de sa résistance, de sa libération et de l’immigration. Mais hélas, on en est encore loin.
Marseille, le 5 juillet 2019
Jacques Soncin