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IL N’Y AURA PAS D’ECOLOGIE AVEC L’EXTRÊME DROITE

Nous avons dans notre région un problème considérable avec l’extrême-droite. Les élections précédentes l’ont prouvé. Nous devons répondre à cette question : comment éviter de n’avoir pour seul choix, au deuxième tour, que de voter Muselier pour barrer la route au Rassemblement national ?

Faire de la politique, c’est faire des différences. Le RN n’est pas la droite et encore moins la gauche et c’est le pire de nos adversaires.

Créé par des anciens nazis et des collabos, associés aux terroristes de l’OAS, le RN est le parti du crime et de la haine. Les « plus de 70 ans » se souviennent de la « ratonnade oubliée », dans la région marseillaise, au cours de laquelle des groupes de nervis ont assassiné des dizaines d’immigrés maghrébins dans les années 70 visant des personnes dans les rues, posant une bombe au Consulat d’Algérie et ces crimes ont perduré, de manière quasiment impunie, jusqu’au milieu des années 90 avec l’assassinat d’Ibrahim Ali.

Aujourd’hui, les Le Pen, Mariani, Jordana et consorts, continuent à souffler sur les mêmes braises. Du « grand remplacement » à l’hystérique islamophobie, sans éviter quelques détours antisémites, ils organisent les divisions, les stigmatisations et finalement l’affrontement entre nos différents concitoyens.

Lorsque Ravier déclare que les enfants d’immigrés ne sont que des français de papier, il prépare l’opinion, pour peu que ce parti en ait les moyens, à une déchéance massive de la nationalité. Ne croyez pas qu’ils n’oseront jamais, c’est ce qu’on pensait en France pendant la montée du nazisme mais dès que l’extrême-droite est arrivée aux affaires, en 1940, dans le sillage de la défaite, ils ont organisé eux-mêmes le fichage des Juifs, leur arrestation et leur envoi dans les camps de concentration.

Leur haine est intolérable, elle est imbécile mais il ne faut surtout pas sous-estimer leur capacité de nuire. L’exemple, tout récent, de Bolsonaro ou de Trump devrait finir de nous convaincre que les fascistes n’ont pas changé. De plus, ils ont ajouté à leur arsenal idéologique le climato-négationnisme et le mépris de l’écologie : on peut constater les dégâts au Brésil ou aux Etats-Unis. On sait que la pandémie qui nous frappe actuellement n’est pas étrangère à la crise écologique, l’extrême-droite là où elle était au pouvoir, a tenté d’en ignorer les racines et d’en refuser les mesures.

Il ne faut pas attendre les présidentielles ou d’autres échéances pour faire face au danger que représente les fascistes. C’est ici et maintenant, dès les prochaines élections régionales et départementales que nous devons tout mettre en œuvre pour les battre. Le combat pour le rassemblement des forces écologiques et de gauche, par sa pédagogie, ses compromis, provoquera l’incontournable dynamique qui nous permettra de gagner. Mais divisés, aucun des partis de gauche et écologistes ne sera même assuré de passer le premier tour.

Si la seule victoire des écologistes, au bout de ce chemin, était d’avoir fait mieux que ceux qui auraient pu être leurs partenaires et avec lesquels ils partageraient alors la défaite, ce serait une bien pitoyable consolation.

Selon « Le Monde », Thierry Mariani, futur candidat du Rassemblement national en PACA, pour les régionales de juin 2021, espère que la gauche n’arrivera pas à s’unir et, sûr de son fait, il compte sur les 30% que lui prête les sondages et l’énorme abstention provoquée par la division pour l’emporter !

Il faut le faire mentir.

Canard enchaîné du 10 février 2021

Les écologistes, parce qu’ils portent la lutte nécessaire pour une planète habitable, parce qu’ils ont une vision universelle et non nationaliste, parce qu’ils sont résolument attachés à l’intérêt commun, doivent être les porteurs inlassables du rassemblement.

Ce serait une erreur impardonnable si, au bout des gesticulations actuelles, ils décidaient de partir seuls en agitant un fantomatique « pole écologiste ». Ici, dans le grand sud, nous avons besoin d’un rassemblement divers, pluriel, coloré et bienveillant. Si les écologistes et la gauche qui s’écologise arrivent à s’unir, ils allumeront l’espoir et ouvriront le chemin de la victoire. Bien sûr, il faudra « veiller au grain », mais dans toute la gauche, on est suffisamment conscients du danger pour faire les compromis nécessaires afin de parvenir à cet objectif important pour nos populations, pour l’environnement et pour notre région.

Marseille le 10 février 2021

Jacques Soncin

Notre maison brûle et nous regardons ailleurs

Ce 15 avril, il n’est pas 19h, il fait encore jour sur Paris, et des flammes apparaissent au sommet de Notre Dame. Interloqués, les passants, les visiteurs voient l’incendie s’emparer d’un des plus emblématiques bâtiments de notre pays. Rapidement l’incendie devient terrifiant. Les pompiers tentent de le circonscrire mais rien ne semble l’arrêter. L’enfer est entré dans la maison de Dieu, selon les chrétiens. Tout s’arrête sur ce moment et cette catastrophe devient, pour les médias de France, le seul événement de la planète. Que signifie ce désastre, qu’est-ce que ces flammes veulent nous dire ? Et, comme en écho, reviennent à notre mémoire ces mots de Jacques Chirac prononcés lors de son discours devant l’assemblée plénière du IVème sommet de la Terre, le 2 septembre 2002, à Johannesburg : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Notre Dame, en cet instant, devient l’allégorie de la planète, la basilique qui brûle symbolise notre monde en train de partir en fumée, notre humanité menacée de disparition par le réchauffement climatique, les pollutions, les menaces environnementales et les guerres.

Et tous ceux qui sont responsables de cet état du monde, de Trump à Poutine, de Pékin à Ankara, d’un bout à l’autre de la planète se lamentent devant ces flammes prémonitoires d’autres désastres. Le caractère religieux du bâtiment en renforce la signification annonciatrice. Pendant toute la soirée, les médias essaient de nous donner la dimension du bâtiment par la fréquentation des puissants parmi lesquels surgissent les noms de Napoléon ou Mitterrand. Napoléon y fut couronné empereur et deux siècles plus tard la république le désignait implicitement comme « criminel contre l’humanité » par la loi promulguée le 21 mai 2001 « tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité », à l’égal de la Shoah et des autres génocides du XXe siècle, crime qu’il a commis en rétablissant l’esclavage par le décret du 20 mai 1802. Mitterrand y reçut un hommage international le 11 janvier 1996 alors que ses obsèques se déroulaient à Jarnac. Mitterrand fut de tous les crimes de la France dans cette seconde moitié du vingtième siècle de la collaboration à la première guerre d’Irak, de la guerre d’Algérie au génocide des tutsi au Rwanda. C’est l’écrivain et le poète Victor Hugo qui a traité dans son ouvrage « Notre Dame de Paris » de cette contradiction entre Frollo, représentant la puissance, et Esméralda ou Quasimodo symboles de ces populations invisibles, maltraitées stigmatisées… On nous parle de Napoléon et on ne peut s’empêcher de penser à Esméralda…

Sous la chaleur de ce feu, le Président Macron déserte les projecteurs de son intervention qui devait décliner les promesses devant répondre, lors du vingt heures, à l’Urgence climatique et aux revendications sociales pour se rendre devant Notre Dame et lui promettre une reconstruction rapide.

La planète brûle, les grandes menaces exposées par les différentes rencontres internationales sont toujours là. Les scientifiques tirent toutes les sonnettes d’alarme. Mais les grands de ce monde regardent ailleurs. Ils dansent la sarabande autour d’un immense volcan. Quant aux populations, elles sont hypnotisées par les nombreux spectacles de l’insignifiance. En brûlant ainsi, Notre Dame nous indique que l’incendie est là.

On pourra reconstruire Notre Dame mais qui reconstruira Notre Planète ?

Le sage montre la Lune et l’imbécile regarde le doigt…

Marseille, le 16 avril 2019

Jacques Soncin

1968 : Souvenirs d’une époque révolue… Epoque des révolutions…

Ces jours-ci, nous avons commémoré le cinquantième anniversaire de l’assassinat de Martin Luther king, tué le 4 avril 1968 à Memphis. James Ead Ray a été condamné pour ce crime, mais aujourd’hui encore les conditions de cet assassinat et le rôle joué par l’Etat américain n’ont pas été éclaircis. Le 2 avril 2018, s’éteignait Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela connue sous le nom de Winnie Mandela. Ces deux événements sont à rapprocher parce qu’ils illustrent parfaitement ce que doit être la commémoration de mai 1968.

Winnie Mandela se bat alors au sein de l’ANC contre l’apartheid, régime injuste, criminel, ignoble, raciste imposé par le système impérialiste à l’Afrique du Sud. Martin Luther King est la voix de celles et ceux qui veulent en finir avec l’héritage de l’esclavage qui a pris la forme de la ségrégation raciale.

A cette époque, la jeunesse du monde s’enflamme pour son avenir qu’elle veut lumineux, débarrassé de la haine, de l’injustice, de la pauvreté. Ce mouvement révolutionnaire secoue la planète entière et il a une dimension universelle.

WinnieMandela0

En Asie, après avoir vaincu le colonialisme français à Ðiện Biên Phủ, un petit pays, le Vietnam, tient la dragée haute à la plus riche puissance militaire du monde. En Chine, un incroyable mouvement secoue le pays au nom d’une révolution culturelle qui remet toutes les élites en cause. Au japon, l’organisation étudiante, la Zengakuren, s’en prend aux intérêts américains. En Afrique la lutte contre l’apartheid illumine le monde. L’Algérie, fière de sa victoire contre le colonialisme français, invite les révolutionnaires du monde entier qui viennent s’y retrouver. Au Congo, au Mali, en guinée et ailleurs, de Patrice Lumumba à Modibo Keïta en passant par Sekou Touré, des voix s’élèvent contre le système colonialiste. Au Mozambique, en Guinée Bissao, au Cap Vert, en Angola des mouvements de libération ébranlent l’empire colonial portugais et fragilisent la dictature fasciste de Salazar, qui finira par s’effondrer. En Amérique latine, les régimes criminels mis en place et soutenus par les Etats-Unis rencontrent une opposition de plus en plus vigoureuse. Le système soviétique lui-même est mis à mal par l’apparition et le développement de la dissidence et d’une contestation forte dans la population à Prague, à Varsovie et même à Moscou. En République fédérale d’Allemagne la jeunesse demande des comptes à ses aînés sur leur rôle pendant le nazisme. Aux Etats-Unis même, un puissant mouvement de la paix s’oppose aux aventures militaires américaines.

Le mouvement de mai 1968 en France s’inscrit totalement dans ce contexte.

Bien sûr, tous ces espoirs, toutes ces luttes se heurtent au mur de la réaction, du militarisme, des intérêts des puissants de ce monde : Assassinats, celui de Lumumba qui sera suivi plus tard par celui de Ali Soilih aux Comores puis encore plus tard par celui de Thomas Sankara au Burkina Faso ; Intensifications des bombardements sur le Vietnam ; Les chars soviétiques à Prague ; La criminalisation de la résistance palestinienne ; La normalisation sévère en Chine ; Les coups d’Etat, comme celui au Chili, avec l’assassinat de Salvador Allende, en Amérique latine.

En avril 1968, le quotidien « Le Monde » publie un éditorial au titre surréaliste quand on contemple la période qui a suivi : « La France s’ennuie ». Mais la jeunesse ne s’ennuie pas, surtout la jeunesse militante. Elle s’est mobilisée déjà contre la guerre en Indochine, puis contre la guerre en Algérie. Les rescapés de la Résistance aux nazis sont encore nombreux. Elle regarde le monde et le monde bouge et le monde brûle. Devant ces mouvements, grandit alors, chez les jeunes et les moins jeunes, l’espoir que tout peut changer, qu’un mouvement universel peut donner enfin un sens, un but, une possibilité à l’avenir de l’Humanité.

50 ans après, le compte n’y est pas. Des forces obscures ont occupé le devant de la scène politique. Les crises sont plus graves, l’avenir paraît encore plus incertain et la nécessité d’universalisme est bien plus impérieuse qu’à cette époque. Aucune solution réelle pouvant permettre la sauvegarde de la planète, que ce soit dans les domaine de l’environnement, de la justice sociale, de la maîtrise de la démographie planétaire, de l’universalité des droits humains, de la paix, ne peut être l’œuvre d’un seul pays. Il faut une autorité, un gouvernement démocratique mondial pour planifier les solutions et dépasser les intérêts nationaux et individuels.

En ce sens, l’aspiration de mai 68 est toujours aussi actuelle : soit nous ferons triompher l’intérêt collectif, soit l’humanité s’enfermera dans la plus terrifiante des barbaries, pouvant mener jusqu’à sa propre disparition.

Pour aller dans cette direction, la phrase de Martin Luther king est d’une grande sagesse : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».

Jacques Soncin, le 5 avril 2018

UNE RICHESSE BIEN FRANCAISE

Dans la nuit du 20 au 21 septembre dernier s’éteignait Liliane Bettencourt, possédant la 11ème richesse du monde, estimée à 36 milliards de dollars, selon le classement du magazine américain Forbes, pour l’année 2017. Elle avait défrayé la chronique à partir de 2007 à cause de ses relations financières avec Eric Woerth et Nicolas Sarkozy. Tout ça n’était pas très propre.

ParcoursLilianeBettencourtMais la gestion de la fortune de son père Eugène Schueller et de la carrière de son mari André Bettencourt illustre bien ce que sont ces riches qui vivent sur la misère du monde.

En 1907, le jeune chimiste Eugène Schueller met au point une formule permettant de teindre les cheveux. Il lui donne pour nom une coiffure féminine en vogue à l’époque et qui évoque une auréole, « L’Auréale ». Pour accéder au marché de la grande consommation, il achète la Société des savons français, plus connu sous le nom de marque MONSAVON.

En 1936, ses affaires ont très bien marché et Schueller est déjà à la tête d’une petite fortune. Il investit dans la formation d’un groupe politique, initié par Jean Filiol, le « Comité secret d’action révolutionnaire » plus connu sous le surnom de la Cagoule et dont font partie André Bettencourt, François Mitterrand ou René Bousquet…

BettencourtMitterrand

Lorsqu’advient la divine surprise de l’extrême droite, l’occupation de la France par les nazis, Schueller, Filiol, Deloncle (frère d’Eugène), Bettencourt se jettent dans la collaboration. En 1942, Schueller, qui est devenu l’un des principaux actionnaires de Nestlé, envoie Bettencourt en Suisse pour « aryaniser » cette société.

André Bettencourt prend la direction d’une revue collaborationniste « La terre française ». Il y a une rubrique « Ohé les jeunes ». En 1942, il y publie un article intitulé « La dénonciation serait-elle un devoir ? » où il affirme que « les jeunes doivent être, dans chaque village, les agents du Maréchal, la police de la révolution ». Et plus tard, toujours dans le même torchon, il écrit « les juifs, pharisiens hypocrites, n’espèrent plus. Pour eux, l’affaire est terminée. Ils n’ont pas la foi. Ils ne portent pas en eux la possibilité d’un redressement. Pour l’éternité, leur race est souillée par le sang du juste ».

A partir de février 1943, après Stalingrad, comme tout le monde, il comprend que les nazis ont perdu. Il faut se refaire une virginité politique. Pour cela il s’appuie sur François Mitterrand qui a fraîchement quitté Vichy. Ensuite, il a prétendu être l’agent de liaison du Conseil national de la Résistance en Suisse, ce qui a été fortement contesté par Serge Klarsfeld. Mais malgré tout, après la guerre il arrive à passer à travers les gouttes de l’épuration et à éviter le glaive de la justice, il en sauve aussi son patron et futur beau-père, Eugène Schueller. Henri Deloncle crée une filiale de l’Oréal en Espagne et y embauche Jean Filiol, qui a fui la France où il est condamné à la peine capitale pour sa participation au crime atroce d’Oradour-sur-Glane. Malgré les demandes de la justice, il ne sera pas extradé par Franco. A la même période, François Mitterrand est choisi comme directeur général du magazine « Votre beauté », dédié à la promotion des produits L’Oréal…

En 1950, André Bettencourt épouse Liliane Schueller, fille d’Eugène, dont il aura une fille, Françoise.

Françoise se marie le 6 avril 1984 avec Jean-Pierre Meyers, lui-même petit-fils de l’ancien rabbin de Neuilly-sur-Seine, Robert Meyers, déporté avec son épouse à Auschwitz.

En 1994 le passé d’André Bettencourt le poursuit, son beau-fils le traite d’antisémite, des journaux évoquent son passé. Il est alors amené à exprimer ses regrets pour ce qu’il appelle des « erreurs de jeunesse »

Erreurs de jeunesse qui ne l’ont pas empêché d’être plusieurs fois ministre, d’obtenir la Rosette de la Résistance, la croix de guerre 39-45 et d’être décoré de la légion d’honneur.

LilianeBettencourtQuant à Liliane Bettencourt, qui n’a fait qu’hériter de la richesse de son père et de suivre les méandres politiques de son père et de son mari, elle s’est contentée de la Légion d’honneur et d’être la femme la plus riche du monde.

Jacques Soncin

LA GUERRE DES ONDES

Le 28 juin 1944, après plusieurs jours de planques et de repérages, un commando dirigé par Morlot s’engouffre vers 6h du matin dans le n°10 de la rue de Solférino à Paris. Morlot et l’un de ses camarades pénètrent brutalement dans la chambre ou dort un couple. Réveillée, la femme hurle, l’homme panique. Les coups de feu claquent, il est touché. Morlot s’avance et lui inflige le coup de grâce. Ainsi est mort Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du gouvernement Laval, sous Pétain. Après cette action, les miliciens se déchaînent pour retrouver les responsables : arrestations, tortures, représailles. Mais ils ne remonteront jamais jusqu’à Morlot.

Qui est Morlot ?

Morlot est le pseudonyme de Charles Gonard, un résistant intrépide et courageux. Quelques jours avant l’exécution d’Henriot, il a organisé l’évasion de Jean-Pierre Lévy, responsable du mouvement Franc-tireur, un des chefs de file du Conseil national de la résistance. Dès 1941, après la débâcle, dégoûté par le pétainisme, après avoir essayé en vain de rejoindre Londres, Charles Gonard, qui n’a pas encore vingt ans, s’engage contre l’occupant. Envoyé dans le sud de la France, il multiplie les actions contre les Allemands et leurs collabos à Marseille et Nice : sabotages, exécutions de traîtres, attaques contre la milice. En février 1944, il intègre à Paris le Comité d’action militaire (COMAC) et à seulement 23 ans, il forme les groupes francs des FFI et il réorganise la structure du réseau malmené par la répression. Son groupe composé professionnellement d’experts et de praticiens de la clandestinité, détruit les fichiers du STO et liquide des membres français de la Gestapo (Geheime Staatspolizei). Une fois la France libérée, Charles Gonard a mené une vie « normale », il a dirigé la compagnie chérifienne des textiles au Maroc et il a élevé plusieurs enfants… Il s’est éteint le 12 juin 2016 à Vence, dans les Alpes Maritimes, à l’âge de 95 ans.

Philippe Henriot

Philippe Henriot, né en 1889, est issu d’une famille catholique, de droite et antisémite. Il fait ses études à l’Institut catholique de Paris. Il est nommé professeur de lettres dans le privé. Par la suite il prend la direction du journal de l’Action catholique à Bordeaux. Il entamera une carrière d’activiste politique d’extrême-droite en participant aux manifestations des Croix de feu, qui ont menacé la République. Dans l’entre-deux-guerres, Henriot est germanophobe et belliqueux envers l’Allemagne. Mais l’arrivée d’Hitler au pouvoir le radoucit et il devient partisan de l’entente avec l’Allemagne. Au moment de la débâcle, il est député. Dès 1940, le défilé de troupes nazies à Paris, pour lui, comme pour le reste de l’extrême-droite, constitue une « divine surprise ». Il se rallie à Pétain. Très rapidement, il devient la voix du régime de Vichy. Deux fois par jour, sur Radio Vichy ou sur Radio Paris, il vitupère contre la résistance, la France-libre, le Général de Gaulle, les communistes. On l’entend partout en France sur les ondes de Radio Paris. La Radio de la résistance, au micro de la BBC, lui répond et une espèce de guerre des ondes s’instaure ainsi pendant cette période.

Pierre DAC

André Isaac, alias Pierre Dac, est un humoriste, né en 1893. Il s’engage dès le début dans la résistance. Sa chaleur, son intelligence et son humour feront des ravages sur la Radio de la Résistance. C’est lui qui a mis au point la ritournelle : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand« , que tout le monde connaît et parfois fredonne à cette époque. Un échange entre les deux hommes donne une idée de ce qu’était le versant radiophonique de la guerre impitoyable entre collabos et résistants.

Tout commence lorsque Pierre Dac, avec sa causticité imparable, raille un discours de Philippe Henriot depuis l’antenne londonienne. Ce dernier réplique ainsi, le 10 mai 1944, au micro de Radio Paris :

« Assurément, personne n’est obligé de se rendre à mes arguments et tout le monde a le droit d’ironiser sur ce que je dis (…) Mais où nous atteignons les cimes du comique, c’est quand notre Dac prend la défense de la France. Vraiment les loufoqueries de l’Os à moelle ne m’ont pas toujours fait rire, mais le juif Dac s’attendrissant sur la France, c’est d’une si énorme cocasserie qu’on voit bien qu’il ne l’a pas fait exprès. Qu’est-ce qu’Isaac, fils de Salomon peut bien connaître de la France, à part la scène de l‘ABC où il s’employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l’écoute ? Et il faut vraiment qu’on soit bien à court d’avocats chez vos patrons pour être tombé de Bénazet en Isaac et s’être résigné à accepter comme porte-parole un homme dont le pseudonyme fait un bruit de chute qui apparaît déjà comme un présage… » (Editoriaux de P. Henriot, fascicule n°12)

La réponse de Pierre Dac au micro de la BBC est cinglante et sans appel :

« Puisque vous avez si obligeamment cité au cours de votre laïus me concernant, les noms et prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous dire que vous en avez oublié un, celui de mon frère. Si d’aventure vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux, tournez à gauche dans l’allée et à la sixième rangée, arrêtez-vous devant la dixième tombe. C’est là que reposent les restes de celui qui fut un beau, brave et joyeux garçon fauché par un obus allemand, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère. Sur la modeste pierre tombale, sous ses noms et prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription  : Mort pour la France à l’âge de 28 ans. Voilà Monsieur Henriot, je le répète, ce que signifie pour moi la France. Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription. Elle sera ainsi libellée : Philippe Henriot mort pour Hitler, fusillé par les Français. Bonne nuit, Monsieur Henriot. Et dormez bien… si vous le pouvez  ». (Cité par Hervé le Boterf, la vie parisienne sous l’occupation, tome II France-Empire, 1975)

La prophétie de Pierre Dac se réalisera moins de deux mois plus tard. Evidemment, on ne peut pas comprendre la violence de ces échanges radiophoniques si on oublie les crimes terribles d’Hitler et de ses complices, la Gestapo, les tortures, les déportations, les camps de concentrations, les chambres à gaz, ces crimes qui ont fait pendant toute la durée de la guerre presque 50 millions de morts sur toute la planète… Après la guerre, Pierre Dac reprend son activité d’humoriste. Son duo avec Francis Blanche remportera un véritable succès et sa popularité ne faiblira pas jusqu’à sa mort, le 9 février 1975.

A l’époque, la radio n’a que quelques dizaines d’années d’existence, pourtant ce média a déjà pris une importance considérable dans la vie des populations. Tout le monde, dans ces années là, colle son oreille au récepteur pour écouter les voix crachotantes et parasitées de la BBC ou celles tonitruantes et claires de Radio Paris. Les puissances financières et politiques convoitent déjà ce puissant moyen de communication pour influer sur les peuples et les  opinions publiques. Hitler et Goebbels ont su l’utiliser à leur profit pour compléter le dispositif qui a mis le peuple allemand à leur botte. Mais ce poids du média n’était qu’un début et il va se développer, surtout avec l’apparition de nouveaux moyens, jusqu’à aujourd’hui.

Marseille, le 28 juin 2017

Jacques Soncin

R A S S E M B L E M E N T, pour un projet écologique et social

La victoire remportée par Benoît Hamon, lors du premier tour des primaires de la « Belle alliance populaire », est porteuse d’espoir. Les diverses télés ont invité le soir du vote les intervenants aussi inévitables qu’habituels pour tenter d’enlever toute dimension à ce résultat. En réalité, on sait qu’il existe dans notre pays une véritable force de l’opinion écologiste. En 2008, Europe Ecologie les Verts s’était imposé lors des élections européennes, atteignant des scores considérables, passant même devant la droite ou le PS. Depuis, hélas, à cause du jeu politicien des dirigeant(e)s et élu(e)s, l’impression donnée à nos concitoyens que tous les compromis étaient possibles pour obtenir ou conserver une place et l’attitude publique de plus en plus illisible des Placé, Duflot, Baupin, Pompili, De Rugy, Cosse et quelques autres ont totalement discrédité le parti écologiste dans l’opinion. Pourtant, il y avait la place, il y avait l’urgence, pour développer un parti qui concilie les impératifs de l’environnement, les nécessités du social et les obligations découlant de notre société métissée et multiculturelle. L’oubli de ces éléments a été fatal à ce mouvement, à tel point que Yannick, Jadot aujourd’hui, n’est même pas sûr d’être en mesure de se présenter.

L’affermissement du régime de Poutine, la victoire de Trump aux Etats-Unis, les pesanteurs en France de ces deux pôles, les dangers sur les pays du Levant, la rupture que cela implique avec les résultats des diverses COP et politiques de l’environnement viennent jeter une ombre particulièrement inquiétante sur l’avenir de notre planète.

La victoire de Hamon nous montre bien que ce n’est pas l’écologie qui est discréditée. Les gens ont voté pour un candidat qui proposait de réconcilier le social et l’environnement et qui, pour ce faire, énonçait les mesures adéquates.

Peut-on faire confiance en Hamon ? Je n’en sais rien.

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Je pense seulement que le pire n’est jamais sûr. Il ne tient qu’à nous de relever le gant. Nous savons tous que le principal n’est pas la place d’un quelconque dirigeant. Aujourd’hui, l’enjeu, le vrai enjeu, c’est le rassemblement de toutes celles et ceux qui veulent une alternative à la politique de Hollande, qui refusent la casse terrifiante programmée par Fillon et qui veulent surtout éviter la nouvelle aventure proposée par l’extrême droite, qui, dans le passé, n’a su que multiplier les désastres, livrer la France aux pires criminels et développer les idées les plus nuisibles.

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Alors oui, le résultat de ce premier tour de la primaire est une bonne nouvelle s’il a pour conséquence de réunir toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans ces valeurs et ce projet.

Il faut amplifier la victoire dès dimanche prochain pour donner le maximum de force à ce projet, et faire en sorte que Benoît Hamon devienne effectivement le candidat choisi par la primaire.

Dans un tel contexte, le rôle de Yannick Jadot, candidat élu d’Europe Ecologie, sera alors de prendre à bras le corps la bataille du rassemblement, plutôt que de courir après des signatures qui, s’il les trouvait, ne feraient qu’ajouter une division de plus sur le front de la défaite.

Mais si jamais c’est le tout à l’égo qui l’emporte, et que trois quatre ou plus candidats de gauche entrent dans la compétition aux présidentielles, on aura inévitablement la prolifération de l’abstention et, finalement, la victoire du pire.

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Ne touchez pas au code de la nationalité !

Le 13 janvier 2015, les crimes ignobles commis à Paris par des commandos se revendiquant de l’organisation terroriste DAECH ont provoqué une immense émotion dans notre pays et bien au-delà en Europe et dans le monde.

Les coupables ont été traqués par la police française et en une semaine l’essentiel de ceux qui y avaient participé directement ont été tués ou arrêtés.

Le gouvernement et les principaux partis politiques de droite et de gauche se sont livrés à une surenchère de déclarations et d’analyses disproportionnées avec les évènements.

On a parlé d’état de guerre et on a décrété l’état d’urgence pour trois mois à la quasi-unanimité du Parlement puis du Sénat.

Les médias ont provoqué une véritable psychose en faisant de ces attentats l’unique sujet de leurs diverses émissions et repassant en boucle les scènes les plus évocatrices de ces crimes.

C’est dans ce contexte, que le Président de la République, François Hollande, a évoqué une mesure gravissime. Il propose de revoir le code de la nationalité pour rendre possible la déchéance de la nationalité pour des individus nés en France, de nationalité française, qui auraient une double nationalité et qui se seraient rendus coupables d’actes de terrorisme.

Evidemment, dans les esprits de ceux qui proposent un tel texte, cette mesure frapperait uniquement ceux qui auraient commis des crimes ou délits dans le cadre d’une action terroriste. Donc des individus qui seraient soit en fuite soit en prison. On imagine donc aisément que pour eux la question de la nationalité ne serait pas leur problème principal et donc que cette mesure n’aurait aucun impact ni préventif ni punitif sur eux.

A qui s’adresse donc cette déchéance ? Elle vise tout simplement une population déjà inquiète, qu’il faudrait rassurer, et en faveur de laquelle il conviendrait de prendre des décisions qui lui permettent de se sentir totalement acceptée dans la société française. Au lieu de cela, qu’on le veuille ou non, la seule conséquence d’une loi rendant possible la déchéance de la nationalité pour les seuls binationaux serait de montrer à l’ensemble de la population de ce pays qu’il y a deux catégories de Français. Et par conséquent de renforcer ce que Manuel Valls lui-même désignait comme de l’apartheid.

En créant une nouvelle différence institutionnelle on aggravera ce phénomène. Comme on le sait bien, le but des terroristes, c’est justement de détériorer notre tissu social. Et une telle décision serait une belle victoire pour eux et faciliterait incontestablement leur propagande !

Cette modification du code de la nationalité est réclamée depuis toujours pas l’extrême droite qui, dans son projet fondé sur la haine et la division des Français, a toujours cherché à exclure de la communauté nationale les sujets de leur détestation : les Juifs, les Arabes, les Roms et autres…

Quand l’extrême-droite est arrivée au pouvoir en juin 1940, dans le sillage de l’occupation nazie, ce fut l’une de ses premières obsessions : dès le 22 juillet 1940, Pétain promulgue la loi sur la dénaturalisation, ensuite c’est la mise en place du statut des Juifs et la déchéance de leur nationalité, permettant notamment leur déportation en Allemagne.

Charles de Gaulle lui-même a été déchu de la nationalité française à dater du 2 août 1940.

Faut-il vraiment entrer dans ce domaine habituellement familier aux fascistes ?

Voici un exemple de tract des fascistes, juste avant l’invasion des troupes nazies en France, qui montre toujours la même logorrhée :

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Dans les moments difficiles, un gouvernement digne de ce nom a pour mission d’unir la population pour faire face à ce qui la menace. Comment ne pas comprendre que décider qu’une partie des français est moins française que les autres augmenterait inévitablement les antagonismes et les fractures sociales ?

Ce n’est pas Les Républicains (ex-UMP) et le Front national qu’il faut unir, c’est notre population qu’il faut rassembler ! Pour cela on doit lui envoyer des messages positifs.

La déchéance de la nationalité serait dans ces conditions la pire des décisions possibles. Elle ouvrirait un véritable boulevard au Front national de Marine Le Pen. Surtout que, demain, il n’est pas exclu que d’autres forces politiques s’emparent du pouvoir et cette modification constitutionnelle leur permettrait de prendre des mesures bien plus désastreuses.

Non, non et non, il ne faut pas toucher au code de la nationalité.

Madame Morano, taisez-vous, s’il vous plait !

Lors de l’émission animée par Laurent Ruquier, « On n’est pas couché », du samedi 26 septembre, Nadine Morano, s’est permis de déclarer que la France était « un pays judéo-chrétien, de race blanche ». Une ânerie comme on ne devrait pas en entendre dans ces émissions de grande écoute, surtout venant d’une députée européenne qui brigue la candidature à la magistrature suprême !

Le concept de Judéo-chrétien, chez ces gens qui flirtent avec l’idéologie d’extrême droite, est à prendre avec d’énormes pincettes. Si elle évoque le fait que la culture de notre pays a été alimentée par des penseurs et des cultures de toutes origines on peut l’entendre, à condition de citer les autres cultures, comme la culture musulmane, la culture païenne, l’influence romaine et autres. Mais je crains que, chez Madame Morano, ce soit plutôt une manière de faire oublier les persécutions, les pogroms, les intolérances qu’ont subis les Juifs en France à travers les siècles. Et surtout, quand on se rapproche des enfants de Pétain, on essaie ainsi de jeter le voile sur la participation de l’Etat français à l’entreprise nazie. D’ailleurs, dans le reste de ses interventions elle n’a cité que la tradition chrétienne pour s’en prendre à la présence musulmane en France !

Mais il faut revenir sur la notion de race. Madame Morano, interpellée sur cette question a répondu que ce mot était dans le dictionnaire. Je ne peux que l’encourager à continuer à consulter un tel ouvrage pour vérifier le sens des mots qu’elle emploie, elle en a bien besoin ! Mais ce n’est pas suffisant. Voilà longtemps que les généticiens ont remis en cause, pour l’humanité, la notion de race. Voici ce que dit un document de vulgarisation scientifique au sujet des races humaines :

Des races humaines ?

Aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres. Les Homo sapiens forment une seule et même espèce. Les différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont que l’expression plus ou moins forte de gènes communs. Cette mixité génétique dans l’espèce humaine est tellement importante que si vous avez besoin d’un don d’organe (un rein par exemple) vous avez autant de chance de trouver un donneur compatible dans votre voisinage qu’à Dakar au Sénégal. Pour André Langaney (ancien directeur du Laboratoire d’Anthropologie du Musée de l’Homme) : « En fait, il n’y a pas de marqueur génétique de la race. On n’a jamais pu en isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les “Noirs” et absent chez tous les “Blancs”. Dès qu’on commence à définir une race, en cherchant des critères de classification, on n’en finit plus. Certains sont allés jusqu’à 450 ! S’il fallait pousser la classification à son terme, il faudrait définir une race par individu, car nous sommes tous différents ».

Les populations humaines forment un seul et même groupe taxinomique, une seule espèce.

*la taxinomie est une science, branche de la biologie, qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités.

 En fait, la classification de l’humanité en races est une démarche idéologique qui vise à justifier les inégalités, les injustices et les crimes subis par certaines populations. On a ainsi organisé le commerce triangulaire et la promulgation du Code Noir par Louis XIV au nom de l’inégalité des races. C’est aussi avec ce type d’argument que Napoléon a rétabli l’esclavage. Ces raisonnements ont aussi été utilisés contre les indiens d’Amérique. C’est la même démarche qui a fondé (et qui fonde encore) des discours et des mesures contre les femmes. Au XIXème siècle, certains, comme Gobineau ont tenté de prouver scientifiquement l’inégalité des races. Ces travaux ont servi à Hitler et aux nazis pour entreprendre un terrifiant génocide !  A partir de différences réelles, couleur de peau, forme des yeux, du nez, différence de sexe on invente des inégalités et on établit une organisation sociale totalement injuste et souvent criminelle. On appelle cela le racisme ou le sexisme et c’est désormais interdit par la loi de notre pays, parce que notre société s’est rendue compte des  méfaits commis par ces idées.

Enfin, la France a envahi et colonisé des territoires sur tous les continents d’Amérique à l’Asie en passant par l’Afrique et l’océan Indien où elle continue de maintenir sa domination sur quelques poussières d’empire. Il est donc normal qu’elle retrouve au cœur de son identité des personnes issues de toutes ces régions du monde. Le discours de Nadine Morano sur les races ne peut donc qu’avoir un impact négatif sur le vivre ensemble et susciter injustice et violences.

Alors, Madame Morano, pour vous aider à faire un premier pas vers le métissage culturel, je vous propose un excellent proverbe arabe et je vous conseille de vous en inspirer pour l’avenir :

« Si ce que tu as à dire n’est pas plus intelligent que le silence, alors tais-toi ! »

La haine raciste tue à Charleston !

La fusillade de l’église à Charleston est une tuerie de masse survenue dans la nuit du 17 au 18 juin 2015 dans le temple de l’Église épiscopale méthodiste africaine Emanuel, un temple méthodiste noir à Charleston aux États-Unis, quand un jeune homme armé, Dylann Roof, a ouvert le feu dans l’église, faisant au moins neuf morts, parmi lesquels Clementa Pinckney, membre du Sénat de Caroline du Sud.

Le crime de Charleston n’est certainement pas un hasard ! Dylann Roof, auteur de la tuerie, n’est ni un forcené ni un « loup solitaire ». A 21 ans à peine, il a baigné dans l’idéologie raciste. Il affiche les idées suprématistes blanches et se revendique de l’Apartheid. Il a fait le choix de l’action terroriste et du meurtre massif pour développer la haine entre les communautés.

Le lieu choisi pour commettre son acte ignoble est loin d’être anodin : l’Eglise méthodiste de Charleston a été fondée en 1816 par Denmark Vesey.

En 1781, ce dernier est acheté comme esclave, alors qu’il n’a que 14 ans, dans l’île danoise de Saint-Thomas par Joseph Vesey, qui le conduit dans sa propriété, à Charleston, en Caroline du Sud. 18 ans plus tard, il gagne une grosse somme à la loterie et achète sa liberté. Il cofonde en 1816 une antenne de l’église méthodiste africaine. Cette dernière reçoit presque exclusivement les fidèles noirs, qu’ils soient esclaves ou affranchis, qui n’ont que très peu accès aux églises blanches. Cette église est interdite en 1818 puis en 1820. Mais Denmark Vesey veut aller plus loin. Il souhaite organiser la libération des esclaves. Il concocte une révolte, qui est fixée au 14 juillet 1822. Il a ainsi réuni une petite armée d’un millier d’esclaves et d’affranchis. Il prévoit avec ses camarades de s’emparer d’une armurerie et de voler des bateaux pour s’enfuir en Haïti, qui vient de se libérer de l’esclavage en battant l’armée napoléonienne et en instaurant la première république noire d’Amérique. Malheureusement, le complot est éventé et la police arrête 131 esclaves dont 35 sont pendus en juillet 1822, avec, parmi eux, Denmark Vesey. L’église est rasée et une milice raciste est mise sur pied.

Denmark Vesey devient par la suite un emblème de liberté. C’est en criant son nom que les Noirs chargeaient les sudistes lors de la guerre civile, qui mit fin à l’esclavage. Il est devenu un modèle pour les abolitionnistes, parmi lesquels Frédérick Douglass qui fut l’un de ses plus fervents admirateurs. Le 14 février 2014, des militants ont élevé une statue en son honneur à Charleston.

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Dylann Roof posant avec son flingue et le drapeau confédéré

En commettant ce crime dans cet endroit-là, le 17 juin 2015, en plein dans la période anniversaire de ces événements, le terroriste Dylann ROOF a donc voulu cibler non seulement une communauté mais surtout manifester sa haine de la résistance, sa haine des héros qui ont tout donné pour mettre fin à ce crime contre l’humanité qu’a constitué l’esclavage.

Après l’exécution des esclaves révoltés et la destruction de leur lieu de culte, l’église épiscopale méthodiste africaine a continué son existence de manière clandestine sous le nom d’Emanuel AME (African methodist episcopal church), toutes les églises ayant été interdites. Un nouvel édifice fut enfin reconstruit en bois en 1872, mais il fut détruit par un tremblement de terre. L’Eglise actuelle a été érigée en pierres en 1891. Il existe plusieurs dizaines de ces églises AME aux Etats-Unis, fondées par des Noirs en réaction aux églises méthodistes blanches qui refusaient l’entrée du lieu de prières aux Noirs.

L’une des revendications des manifestants après la tuerie de Charleston concerne le drapeau confédéré.

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Il continue de flotter à Columbia, capitale de la Caroline du Sud. Il fut le drapeau de guerre des Etats du Sud esclavagistes ayant fait sécession en 1861. Il est le symbole du racisme et du maintien de l’esclavage. Qu’il puisse encore être hissé officiellement dans certains Etats est une insulte aux droits de l’être humain et aux principes démocratiques. Bien évidemment, il faut exiger partout de le traiter de la même manière que le drapeau à la croix gammée !

Marine Le Pen à New York : Le camouflet pour la France

Le Time Magazine, fondé en 1923, fait partie de la presse institutionnelle aux Etats-Unis. Il organise régulièrement des événements « people » qui mettent en vitrine certaines personnalités. Dans les années précédant la deuxième guerre mondiale, les responsables du magazine avaient créé « The man of the year » (l’homme de l’année) et ils ont ainsi réservé cet honneur à des individus tels que Joseph Staline ou Adolf Hitler…

Depuis 1998, le Time a mis en place le Time 100 qui célèbre les « cent personnalités les plus influentes de l’année ». Marine Le Pen fait partie de la liste 2015. Elle y côtoie notamment le Coréen Kim Jong-Un, le Français Thomas Piketty, le Pape François, Vladimir Poutine, Barack Obama, Angela Merkel, Alexis Tsipras et quelques dizaines d’autres dont de nombreux artistes et animateurs de médias… Evidemment on ne peut que se demander pourquoi un tel honneur à la chef d’un parti d’opposition arrivé troisième dans une élection qui a mobilisé moins de la moitié des inscrits dans un pays comme la France où elle n’assume aucun poste de responsabilité. C’est accorder une importance plus que démesurée à ce personnage. Comme les responsables du Time ne sont pas complètement idiots, on ne peut lire dans cette invitation qu’une petite opération politicienne dirigée contre les gouvernants français. C’est aussi une nouvelle manœuvre visant à la banalisation d’un parti fasciste dont les racines et les thèses sont une insulte pour la démocratie.

Pourtant, c’est sans hésitation que la chef du parti d’extrême droite, anti-américaine, anti-système, toujours prête à dénoncer la peopolisation, habillée comme une star d’Hollywood, s’est précipitée sur le tapis rouge avec le sourire béat de circonstance, pour assister au gala qui s’est déroulé à New York le 21 avril…

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 Marine Le Pen, qui n’a visiblement pas peur du ridicule, pour justifier sa présence, a déclaré : « nous allons arriver au pouvoir et par conséquent il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec les gens puissants dans leur pays respectif ». Quand on sait que la plupart des puissants de cette liste n’ont pas fait le voyage, et pour cause, la Marine a ainsi pu discuter tranquillement avec des gens aussi importants que Kanye West, Kim Kardashian, Julianna Moore ou tel ou tel rapeur, certes artistes reconnus, mais comme, selon son propre aveu, elle ne parle pas un mot d’anglais, il n’est pas sûr que l’échange ait pu avoir réellement lieu, ce qui est dommage pour sa propre éducation musicale et cinématographique.

En fait, par ce déplacement, elle veut montrer à son électorat qu’elle est reconnue internationalement et que sa potentialité de femme de pouvoir, est acquise à l’étranger.

Pour remercier, ses hôtes elle n’a pas hésité à affirmer « La France des oubliées n’est pas oubliée ». L’héritière Le Pen, dont le père doit sa richesse au détournement de l’immense héritage de la famille Lambert, dirigeante d’un Front national qui tire ses racines politiques dans l’ignoble collaboration avec les nazis et dans les nauséabondes actions terroristes de l’OAS, se prend pour la « France des oubliées » !

Pour tout dire, cette France de la collaboration, de l’OAS, du Front national et de la famille Le Pen, on aimerait bien l’oublier !