Mort entre les mains des gendarmes

Le 19 juillet dernier, Adama Traoré fête son 24ème anniversaire. Il se promène à Beaumont-sur-Oise avec son frère, Baguy. Soudain, les gendarmes de Persan interpellent Baguy Traoré, dans le cadre d’une enquête pour « Extorsion de fonds ». Adama, qui n’a pas ses papiers sur lui, prend peur et tente de s’enfuir. Ils le rattrapent, l’interpellent à son tour et le conduisent à la gendarmerie, alors qu’il est étranger à l’affaire. Que s’est-il passé dans le véhicule puis à la gendarmerie ? Les fonctionnaires prétendent qu’il a fait un malaise et qu’ils ont appelé les pompiers. Le frère d’Adama affirme qu’il l’a vu sur le sol de la gendarmerie, frappé à la tête et qu’un gendarme avait du sang sur sa chemise. Il dit aussi qu’il n’a pas vu les pompiers. C’est seulement dans la nuit que les autorités annonceront la mort d’Adama à sa famille. Evidemment un tel événement soulève une immense émotion, notamment dans la population de Beaumont-sur-Oise, où résident la victime et sa famille. Manifestation, voitures brûlées, gaz lacrymogène… Le scénario habituel face aux violences policières. Quant aux plus hautes autorités du pays, habituellement si promptes à manifester leur compassion, elles gardent un silence étrange : ni condoléances à la famille, ni dénonciation d’une violence injuste qui a ôté la vie à un jeune homme, même pas la promesse que toute la lumière sera faite ! Du côté de l’Etat, seul, le défenseur des droits, Jacques Toubon, exige que toute la vérité soit établie dans cette affaire.

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Adama Traoré

Une première expertise, commandée par Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise, délivre ses conclusions : Adama serait mort des suites d’un syndrome asphyxique déclenché par une grave infection touchant les poumons, le foie et la trachée et d’une pathologie cardiaque pour laquelle il peut n’y avoir aucun signe avant-coureur. Hawa, la sœur jumelle d’Adama, s’insurge et n’en croit pas un mot : son frère était en excellente santé, ce qui est d’ailleurs confirmé par tous ses proches. Le procureur accepte alors une deuxième expertise. Celle-ci réaffirme le syndrome asphyxique mais dément la maladie cardiaque et la grave infection. Elle estime néanmoins qu’il n’y a pas de traces de violences graves. Pourtant, devant l’Inspection des services, les fonctionnaires responsables de l’arrestation d’Adama ont reconnu être tombés à trois sur lui pour le maîtriser.

Dans ces conditions, l’avocat de la famille a demandé une troisième autopsie. Elle vient d’être refusée par le procureur.

La famille a publié un communiqué disant qu’elle espère que les analyses en cours permettront d’identifier les mécanismes qui ont conduit à cette asphyxie et que l’enquête fera toute la lumière sur cette affaire.

« Il ne faut pas que la mobilisation s’essouffle. C’est important que les gens continuent à réclamer avec nous vérité et justice pour Adama. C’est tombé sur notre quartier, sur notre frère, mais ça aurait pu toucher bien d’autres familles… et ça en a déjà touché plusieurs d’ailleurs ; des familles avec lesquelles nous sommes en contact et dont l’expérience nous a beaucoup aidés. Faut qu’on soit ensemble », précise Assa Troré, autre sœur d’Adama.

La famille a d’autant plus besoin de soutien que, ces derniers jours, plusieurs menaces de mort ont été envoyées à leur domicile. Une plainte a été déposée.

Le traitement de cette affaire par les autorités de notre pays interpelle la conscience collective. Il s’agit de la mort d’un jeune homme. Il était entre les mains des forces de l’ordre. Celles-ci sont censées respecter les droits et assurer la sécurité des citoyens. Il est donc évident que la responsabilité de l’Etat, qui dirige les services de police et de gendarmerie, est totalement engagée. Le silence, l’absence d’empathie, dans un contexte où ministres et Président se précipitent d’une commémoration à l’autre est choquante. Assurer la cohésion sociale, essentielle à la lutte contre les dangers qui nous menacent tous, implique que l’Etat traite tous les citoyens de la même manière. Ce n’est évidemment pas le cas pour Adama Traoré, quel que soit le résultat des expertises en cours et le niveau de responsabilité des gendarmes dans la mort d’Adama.

Pourquoi tant de violences à Marseille ?

Depuis deux jours, nous assistons à un déchaînement de violence dans le centre de Marseille. Samedi 11 juin, sur le Cours d’Estienne d’Orves, un supporter anglais, a été frappé à coups de barre de fer. Il est actuellement entre la vie et la mort dans un hôpital marseillais. Ce sont principalement des hooligans anglais et des nervis russes qui s’affrontent.

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Ces gens, habitués des rixes, ne viennent pas pour le foot mais pour le combat de rue. Militants d’extrême droite, ce sont des adorateurs de la violence pour la violence et ils sont là pour ça. Ils sont connus en Angleterre et en Russie. Notre police, si forte pour arrêter des familles venues pour chercher refuge face à la guerre dans leur pays, est soudain incompétente pour empêcher quelques fascistes d’entrer dans notre pays.

Bizarrement, les médias qui utilisent si facilement des termes généralisateurs quand il s’agit du terrorisme, sont singulièrement silencieux sur l’origine de ces groupes. On entend et on lit très rarement la mention d’extrême droite les concernant. D’ailleurs, on a connu la même « discrétion » concernant un terroriste d’extrême droite récemment arrêté en Ukraine alors qu’il embarquait de grande quantité d’armes et d’explosifs pour, selon les autorités, organiser une vingtaine d’attentats en France…

Deuxième grand responsable, l’alcool ! Comment est-il possible et admissible qu’on n’ait pris aucune mesure pour limiter la fourniture et la consommation d’alcool qui est le principal carburant de ces violences ! A Marseille, on a vu des camions livrer des centaines de litres de bières aux abords des Fan Zones. Il est vrai que ça rapporte un max de saouler les supporters et c’est une vraie tradition de notre pays…

Enfin ce gouvernement, par toutes les trahisons de ses promesses, de la déchéance à la loi travail, par l’incroyable politique anti sociale mise en œuvre, par la rupture du dialogue social, a placé notre pays dans un dangereux état de fragilité. Il espérait, par cette politique de Panem et circenses (alcool et foot conviendraient mieux), redorer son blason, remonter le moral du pays et se mettre en meilleure position pour affronter les mois à venir. Ce faisant, il a pris un très grand risque. Espérons que ces violences ne dégénèreront pas et ne pousseront pas la France dans le gouffre !

D’autant que le terrorisme est toujours menaçant et que nous avons l’impression que le fragile équilibre social de notre pays est en sursis sur un baril de poudre !

Décryptage : Comment entretenir l’incendie raciste et islamophobe…

Le samedi 16 avril 2016, Montreux, en Suisse, organise sa Fight Night dans la grande salle du Casino. Ce sont les championnats d’arts martiaux mixtes (MMA). Les participants y déclinent les combats. Le Français, d’origine Tchéchène, Magomed GUEKHAIEV, est le grand gagnant de ces matchs. Il s’avance vers le micro est crie à trois reprises « ALLAHOU AKBAR ! », c’est-à-dire « Dieu est grand », dans la langue de Molière. Ensuite, toujours en arabe, il remercie ses amis et lance au public, « Que la paix soit avec vous ». Pas de quoi faire une crise d’hypertension ! Pourtant, le journal 20 Minutes, s’appuyant sur les dires de « témoins », affirme qu’il a dédié sa victoire à Mohamed Merah et à Salah Abdelsam. Le témoin en question, qui l’a entendu parler de ses « frères de Toulouse », estime qu’il s’agit de Merah ! L’article et la rumeur se répandent de manière virale sur le Net : un champion français fait l’apologie du terrorisme ! L’inévitable Gilbert Collard, député FN, répercute et légitime évidemment la rumeur par tweet, concluant, c’est le chaos. La bulle du ragot grossit ainsi jusqu’à ce que le Monde publie la vidéo de l’événement : On l’entend bien invoquer Dieu, il remercie ses amis de Toulouse, sans aucune référence au terrorisme, quand à Salah Abdelsam, il s’agirait simplement d’une confusion du témoin.

L’organisateur de la Fight Nigt défend son champion et conclut ainsi cet épisode : « Si un énergumène tatoué de croix gammées confond « Al salamou Alaycoum » (que la paix soit avec vous) avec les prénoms de deux terroristes, on ne peut rien y faire ».

Certes, 20 minutes est revenu sur son premier article et a remis les pendules à l’heure, mais le mal est fait…

Décidément, la bête immonde travaille sérieusement et patiemment les tripes de notre société malade !

La déchéance, 5 bonnes raisons d’être contre…

Après les attentats de janvier 2015 et ceux du 13 novembre, le Président de la République et son premier ministre ont tenté « l’union nationale ». Après le 13 novembre, comme en janvier 2015, il semblait que c’était plutôt réussi. Les assassins ont été mis hors d’état de nuire en quelques jours. La politique au Moyen Orient a été réorientée plus directement contre Daesh. Et personne dans l’opposition ne s’est avisé de le critiquer sérieusement. Il a même joué le jeu de la concertation avec toutes les forces politiques. Alors qu’il avait bénéficié d’une remontée spectaculaire dans les sondages et après avoir rencontré les différents partis, François Hollande a estimé qu’il fallait prendre une mesure « FNocompatible ». Il aurait pu proposer le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, ce qui aurait permis de ne faire aucune distinction d’origine entre les criminels. Mais finalement, il a choisi une option qui, dans sa tête, y ressemblait : la mort citoyenne, la déchéance de la nationalité, réclamée à cor et à cris par les héritiers de la milice pétainiste et, depuis le discours de Grenoble, par la droite sarkoziste. Mais les accords internationaux interdisent aux lois nationales de produire des apatrides. Voilà pourquoi François Hollande et Manuel Valls ont préféré cette formule : déchéance de la nationalité pour les binationaux condamnés pour crimes terroristes. Pourtant, en juillet 2010, ils avaient tous deux dénoncé avec énergie et conviction la proposition de déchéance faite par Nicolas Sarkozy au cours de son discours de Grenoble, au motif qu’elle était complètement en contradiction avec les valeurs de la République.

Ce faisant, le duo a effectivement pris la décision qui remet le plus en cause le système de valeurs de la république. Voici 5 raisons pour être contre la déchéance de la nationalité pour les binationaux coupables de crimes de terrorisme

1-      Inutilité totale dans la lutte contre les terroristes

Les terroristes se vivent comme partie prenante d’une sorte de guerre de civilisation, dans laquelle ils seraient les soldats de « Dieu ». Ils sont prêts à tout pour réaliser leurs objectifs criminels. La plupart sont voués au suicide sous la forme des Kamikazes. Dans ce contexte, la question de leur nationalité n’a pour eux strictement aucune importance. Elle ne réfrènera pas leur énergie criminelle d’un point de vue préventif et encore moins comme menace punitive. Enfin, en ce qui concerne son impact très concret, lorsqu’on décide d’appliquer cette mesure à l’issue de la peine infligée lors d’un procès pour crimes terroristes, on comprend que la déchéance n’interviendra pas avant au moins trente ans. Que restera-t-il de Daesh et de ce terrorisme-là dans quelques dizaines d’années ? Prenons le cas des attentats de l’année 2015. Presque tous les terroristes ont été tués ou se sont fait sauter eux-mêmes. Parmi ceux qui vont éventuellement passer en procès, il n’y aurait pas plus d’un binational. Compte tenu de l’horreur des crimes commis, il en aurait au moins pour trente ans de prison. Cette question de déchéance ne se poserait donc que pour une seule personne et pas avant 2046… On est dans l’enfumage, dans la mesure ultra-symbolique. Lorsque le Front national s’en réjouit, ce n’est pas pour saluer son efficacité mais parce qu’elle fait sauter un verrou et qu’il espère bien être en position d’en élargir à l’infini son champ d’application. Par cette modification constitutionnelle, François Hollande pourrait ainsi ouvrir la voie à la politique des anciens terroristes de l’OAS. Et c’est la seule conséquence et l’immense risque d’une telle modification de la Constitution.

2-      Une mesure insultante pour les Etats partenaires de la France

Comme on le sait, les lois internationales, ratifiées par la France, interdisent de créer des apatrides. Il ne s’agit donc pas d’enlever la nationalité aux terroristes mais de leur ôter une nationalité. On va donc dire, en parlant d’un terroriste qui, par exemple, est franco-canadien, que désormais il n’est que canadien. Il est né en France, il a été élevé en France, il a suivi sa scolarité en France, il a commis ses crimes en France, il a été jugé en France, il a effectué sa peine en France et on va le renvoyer au Canada en disant « reprenez-le, il est à vous ! ». Ils ne méritent pas d’être français nous martèlent les défenseurs de la déchéance. Mais en revanche, ils méritent d’être Algériens, Canadiens où Maliens ? Dans la mesure où la France a signé un accord sur le refus de créer des apatrides, un tel argument est à la fois hypocrite et profondément malhonnête. C’est insultant pour les pays en question, et c’est irresponsable. Ce n’est pas au terroriste qu’on inflige une peine, lui s’en fout colossalement, c’est à un Etat, souvent ami, qu’on fait une mauvaise manière.

3-      Le risque de rétorsion

Si cette mesure est décidée, elle va sans doute susciter la colère dans quelques chancelleries et provoquer l’adoption de mesures de rétorsion. Que vont faire l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie pour ne citer que ces pays-là ? Ils peuvent très bien décider la déchéance de la nationalité pour les binationaux, dont l’autre nationalité serait française et qui auraient commis crimes ou délits dans ces pays. Si en France, vu le projet de texte proposé à la modification constitutionnelle la déchéance ne risque pas d’être effective avant le milieu du 21ème siècle, on risque fort de voir arriver immédiatement ou presque des dizaines de délinquants criminels ou terroristes de divers pays, choqués par la décision de la France. Et d’ailleurs une telle mesure est déjà évoquée dans la presse de certains d’entre eux. Belle réussite, en vérité !

4-      La rupture de l’égalité des Français devant la loi

Totalement inutile sur le plan de la lutte antiterroriste, cette décision de déchéance de la nationalité pour les binationaux seulement est en revanche terriblement chargée du point de vue symbolique. Elle remet en cause l’article 1 du préambule de la Constitution de notre pays (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, adoptée en 1793). Seul Pétain et son Etat Français, qui ne s’appelait plus République, avait massivement utilisé la déchéance de la nationalité, faisant leur le mot d’ordre de l’extrême droite : « Juifs, pas français ! ». Il y a une certaine hypocrisie, ou irresponsabilité ou crétinisme de la part du gouvernement à nous répéter qu’il n’y a pas rupture d’égalité puisque cette mesure ne sera appliquée qu’aux terroristes. Mais à partir du moment où une loi destinée à sanctionner des crimes s’applique seulement en fonction de l’origine de l’individu concerné, il y a rupture de l’égalité de tous devant la loi. Et, en réalité, elle ne sera praticable que lorsqu’elle sera élargie, comme le prévoit le Front national. C’est donc bien, pour reprendre les termes de Florian Philippot, un verrou qu’on fait sauter.

Ce texte rend donc incontestablement caduc l’article 1 du préambule de la Constitution :

 « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »

Il remet en cause l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme :

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

 Enfin, il contredit l’article 20 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne :

« Égalité en droit : Toutes les personnes sont égales en droit ».

Ajoutons qu’il faudra retirer « l’Egalité » de la devise de la France : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Hollande va-t-il infliger à la France la devise de l’Etat Français de Philippe Pétain : « Travail, famille, Patrie » ?

Ces trois textes sont les piliers des valeurs défendues par notre République. Le premier constitue le préambule de notre constitution, le second a été adopté à Paris, en juillet 1948, par l’Assemblée générale des Nations Unies, dont la France, et le troisième nous a été présenté comme l’âme de l’Europe. S’il va au bout de son actuelle démarche, d’un trait de plume, François Hollande souille la Constitution, bafoue le Conseil national de la résistance et fait un bras d’honneur à l’Europe.

Le Pen en a rêvé, Sarkozy en a parlé, Hollande va-t-il le faire ?

5-      Une division durable du camp de la gauche

Toutes celles et tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République de l’extrême gauche à la droite modérée, en passant par le centre vont être révoltés par cette manœuvre politicienne dont le seul objectif est de légitimer les thèses du Front national pour tenter de lui couper l’herbe sous les pieds et surtout espérer coiffer la droite sarkoziste sur le poteau de façon à ce que Hollande se retrouve seul face à Marine Le Pen, au second tour des futures élections présidentielles. Mais unir le FN, les sarkozistes et les hollandistes n’a rien à voir avec le rassemblement du peuple de France dans sa diversité. Effectivement, après avoir dégoûté toutes celles et ceux qui l’ont soutenu en 2012, il pourrait bien être tout seul en 2017 et ne même pas accéder au second tour. Il s’agit là de motivations minables pour une politique ignoble. On pensait que Sarkozy était indépassable dans le discrédit de sa fonction mais c’était compter sans Hollande !

Avec cette modification constitutionnelle, le gouvernement donne du grain à moudre aux prêcheurs de la haine dans les quartiers, terroristes et fascistes, qui veulent en commun casser le pacte national et exclure de la communauté française une partie de sa population. Ce n’est donc un texte ni d’autorité, puisqu’il ne sera, en l’état, pratiquement pas appliqué, ni égalitaire puisqu’il sanctionne en fonction de l’origine, ni de paix parce qu’il divise le pays et renforce les politiques de haine. Il casse l’une des valeurs cardinales de notre République. L’argument des sondages est lui aussi scandaleux. Face à l’horreur des crimes commis, toute mesure aggravant les sanctions trouve l’accord de l’opinion. On aurait proposé l’autorisation de la torture ou le rétablissement de la peine de mort, il y aurait sans doute eu une majorité dans les sondages pour l’approuver. Le rôle des politiques n’est certainement pas de faire la politique du pire parce que celle-ci mène inéluctablement à la pire des politiques. Il s’agit d’un incroyable coup de barre vers l’extrême droite, qu’on n’attendait pas de François Hollande et de son gouvernement.

Il ne faut pas que ce projet-là aboutisse. Il a déjà fait assez de dégâts, ne serait-ce qu’en ouvrant un débat qui était jusque-là l’ignoble privilège des spécialistes de l’exclusion. En le reprenant à leur compte, avec le poids institutionnel qui est le leur, le Président et son Premier ministre lui ont donné un début de légitimation.

Ne touchez pas au code de la nationalité !

Le 13 janvier 2015, les crimes ignobles commis à Paris par des commandos se revendiquant de l’organisation terroriste DAECH ont provoqué une immense émotion dans notre pays et bien au-delà en Europe et dans le monde.

Les coupables ont été traqués par la police française et en une semaine l’essentiel de ceux qui y avaient participé directement ont été tués ou arrêtés.

Le gouvernement et les principaux partis politiques de droite et de gauche se sont livrés à une surenchère de déclarations et d’analyses disproportionnées avec les évènements.

On a parlé d’état de guerre et on a décrété l’état d’urgence pour trois mois à la quasi-unanimité du Parlement puis du Sénat.

Les médias ont provoqué une véritable psychose en faisant de ces attentats l’unique sujet de leurs diverses émissions et repassant en boucle les scènes les plus évocatrices de ces crimes.

C’est dans ce contexte, que le Président de la République, François Hollande, a évoqué une mesure gravissime. Il propose de revoir le code de la nationalité pour rendre possible la déchéance de la nationalité pour des individus nés en France, de nationalité française, qui auraient une double nationalité et qui se seraient rendus coupables d’actes de terrorisme.

Evidemment, dans les esprits de ceux qui proposent un tel texte, cette mesure frapperait uniquement ceux qui auraient commis des crimes ou délits dans le cadre d’une action terroriste. Donc des individus qui seraient soit en fuite soit en prison. On imagine donc aisément que pour eux la question de la nationalité ne serait pas leur problème principal et donc que cette mesure n’aurait aucun impact ni préventif ni punitif sur eux.

A qui s’adresse donc cette déchéance ? Elle vise tout simplement une population déjà inquiète, qu’il faudrait rassurer, et en faveur de laquelle il conviendrait de prendre des décisions qui lui permettent de se sentir totalement acceptée dans la société française. Au lieu de cela, qu’on le veuille ou non, la seule conséquence d’une loi rendant possible la déchéance de la nationalité pour les seuls binationaux serait de montrer à l’ensemble de la population de ce pays qu’il y a deux catégories de Français. Et par conséquent de renforcer ce que Manuel Valls lui-même désignait comme de l’apartheid.

En créant une nouvelle différence institutionnelle on aggravera ce phénomène. Comme on le sait bien, le but des terroristes, c’est justement de détériorer notre tissu social. Et une telle décision serait une belle victoire pour eux et faciliterait incontestablement leur propagande !

Cette modification du code de la nationalité est réclamée depuis toujours pas l’extrême droite qui, dans son projet fondé sur la haine et la division des Français, a toujours cherché à exclure de la communauté nationale les sujets de leur détestation : les Juifs, les Arabes, les Roms et autres…

Quand l’extrême-droite est arrivée au pouvoir en juin 1940, dans le sillage de l’occupation nazie, ce fut l’une de ses premières obsessions : dès le 22 juillet 1940, Pétain promulgue la loi sur la dénaturalisation, ensuite c’est la mise en place du statut des Juifs et la déchéance de leur nationalité, permettant notamment leur déportation en Allemagne.

Charles de Gaulle lui-même a été déchu de la nationalité française à dater du 2 août 1940.

Faut-il vraiment entrer dans ce domaine habituellement familier aux fascistes ?

Voici un exemple de tract des fascistes, juste avant l’invasion des troupes nazies en France, qui montre toujours la même logorrhée :

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Dans les moments difficiles, un gouvernement digne de ce nom a pour mission d’unir la population pour faire face à ce qui la menace. Comment ne pas comprendre que décider qu’une partie des français est moins française que les autres augmenterait inévitablement les antagonismes et les fractures sociales ?

Ce n’est pas Les Républicains (ex-UMP) et le Front national qu’il faut unir, c’est notre population qu’il faut rassembler ! Pour cela on doit lui envoyer des messages positifs.

La déchéance de la nationalité serait dans ces conditions la pire des décisions possibles. Elle ouvrirait un véritable boulevard au Front national de Marine Le Pen. Surtout que, demain, il n’est pas exclu que d’autres forces politiques s’emparent du pouvoir et cette modification constitutionnelle leur permettrait de prendre des mesures bien plus désastreuses.

Non, non et non, il ne faut pas toucher au code de la nationalité.

Madame Morano, taisez-vous, s’il vous plait !

Lors de l’émission animée par Laurent Ruquier, « On n’est pas couché », du samedi 26 septembre, Nadine Morano, s’est permis de déclarer que la France était « un pays judéo-chrétien, de race blanche ». Une ânerie comme on ne devrait pas en entendre dans ces émissions de grande écoute, surtout venant d’une députée européenne qui brigue la candidature à la magistrature suprême !

Le concept de Judéo-chrétien, chez ces gens qui flirtent avec l’idéologie d’extrême droite, est à prendre avec d’énormes pincettes. Si elle évoque le fait que la culture de notre pays a été alimentée par des penseurs et des cultures de toutes origines on peut l’entendre, à condition de citer les autres cultures, comme la culture musulmane, la culture païenne, l’influence romaine et autres. Mais je crains que, chez Madame Morano, ce soit plutôt une manière de faire oublier les persécutions, les pogroms, les intolérances qu’ont subis les Juifs en France à travers les siècles. Et surtout, quand on se rapproche des enfants de Pétain, on essaie ainsi de jeter le voile sur la participation de l’Etat français à l’entreprise nazie. D’ailleurs, dans le reste de ses interventions elle n’a cité que la tradition chrétienne pour s’en prendre à la présence musulmane en France !

Mais il faut revenir sur la notion de race. Madame Morano, interpellée sur cette question a répondu que ce mot était dans le dictionnaire. Je ne peux que l’encourager à continuer à consulter un tel ouvrage pour vérifier le sens des mots qu’elle emploie, elle en a bien besoin ! Mais ce n’est pas suffisant. Voilà longtemps que les généticiens ont remis en cause, pour l’humanité, la notion de race. Voici ce que dit un document de vulgarisation scientifique au sujet des races humaines :

Des races humaines ?

Aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres. Les Homo sapiens forment une seule et même espèce. Les différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont que l’expression plus ou moins forte de gènes communs. Cette mixité génétique dans l’espèce humaine est tellement importante que si vous avez besoin d’un don d’organe (un rein par exemple) vous avez autant de chance de trouver un donneur compatible dans votre voisinage qu’à Dakar au Sénégal. Pour André Langaney (ancien directeur du Laboratoire d’Anthropologie du Musée de l’Homme) : « En fait, il n’y a pas de marqueur génétique de la race. On n’a jamais pu en isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les “Noirs” et absent chez tous les “Blancs”. Dès qu’on commence à définir une race, en cherchant des critères de classification, on n’en finit plus. Certains sont allés jusqu’à 450 ! S’il fallait pousser la classification à son terme, il faudrait définir une race par individu, car nous sommes tous différents ».

Les populations humaines forment un seul et même groupe taxinomique, une seule espèce.

*la taxinomie est une science, branche de la biologie, qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités.

 En fait, la classification de l’humanité en races est une démarche idéologique qui vise à justifier les inégalités, les injustices et les crimes subis par certaines populations. On a ainsi organisé le commerce triangulaire et la promulgation du Code Noir par Louis XIV au nom de l’inégalité des races. C’est aussi avec ce type d’argument que Napoléon a rétabli l’esclavage. Ces raisonnements ont aussi été utilisés contre les indiens d’Amérique. C’est la même démarche qui a fondé (et qui fonde encore) des discours et des mesures contre les femmes. Au XIXème siècle, certains, comme Gobineau ont tenté de prouver scientifiquement l’inégalité des races. Ces travaux ont servi à Hitler et aux nazis pour entreprendre un terrifiant génocide !  A partir de différences réelles, couleur de peau, forme des yeux, du nez, différence de sexe on invente des inégalités et on établit une organisation sociale totalement injuste et souvent criminelle. On appelle cela le racisme ou le sexisme et c’est désormais interdit par la loi de notre pays, parce que notre société s’est rendue compte des  méfaits commis par ces idées.

Enfin, la France a envahi et colonisé des territoires sur tous les continents d’Amérique à l’Asie en passant par l’Afrique et l’océan Indien où elle continue de maintenir sa domination sur quelques poussières d’empire. Il est donc normal qu’elle retrouve au cœur de son identité des personnes issues de toutes ces régions du monde. Le discours de Nadine Morano sur les races ne peut donc qu’avoir un impact négatif sur le vivre ensemble et susciter injustice et violences.

Alors, Madame Morano, pour vous aider à faire un premier pas vers le métissage culturel, je vous propose un excellent proverbe arabe et je vous conseille de vous en inspirer pour l’avenir :

« Si ce que tu as à dire n’est pas plus intelligent que le silence, alors tais-toi ! »

La haine raciste tue à Charleston !

La fusillade de l’église à Charleston est une tuerie de masse survenue dans la nuit du 17 au 18 juin 2015 dans le temple de l’Église épiscopale méthodiste africaine Emanuel, un temple méthodiste noir à Charleston aux États-Unis, quand un jeune homme armé, Dylann Roof, a ouvert le feu dans l’église, faisant au moins neuf morts, parmi lesquels Clementa Pinckney, membre du Sénat de Caroline du Sud.

Le crime de Charleston n’est certainement pas un hasard ! Dylann Roof, auteur de la tuerie, n’est ni un forcené ni un « loup solitaire ». A 21 ans à peine, il a baigné dans l’idéologie raciste. Il affiche les idées suprématistes blanches et se revendique de l’Apartheid. Il a fait le choix de l’action terroriste et du meurtre massif pour développer la haine entre les communautés.

Le lieu choisi pour commettre son acte ignoble est loin d’être anodin : l’Eglise méthodiste de Charleston a été fondée en 1816 par Denmark Vesey.

En 1781, ce dernier est acheté comme esclave, alors qu’il n’a que 14 ans, dans l’île danoise de Saint-Thomas par Joseph Vesey, qui le conduit dans sa propriété, à Charleston, en Caroline du Sud. 18 ans plus tard, il gagne une grosse somme à la loterie et achète sa liberté. Il cofonde en 1816 une antenne de l’église méthodiste africaine. Cette dernière reçoit presque exclusivement les fidèles noirs, qu’ils soient esclaves ou affranchis, qui n’ont que très peu accès aux églises blanches. Cette église est interdite en 1818 puis en 1820. Mais Denmark Vesey veut aller plus loin. Il souhaite organiser la libération des esclaves. Il concocte une révolte, qui est fixée au 14 juillet 1822. Il a ainsi réuni une petite armée d’un millier d’esclaves et d’affranchis. Il prévoit avec ses camarades de s’emparer d’une armurerie et de voler des bateaux pour s’enfuir en Haïti, qui vient de se libérer de l’esclavage en battant l’armée napoléonienne et en instaurant la première république noire d’Amérique. Malheureusement, le complot est éventé et la police arrête 131 esclaves dont 35 sont pendus en juillet 1822, avec, parmi eux, Denmark Vesey. L’église est rasée et une milice raciste est mise sur pied.

Denmark Vesey devient par la suite un emblème de liberté. C’est en criant son nom que les Noirs chargeaient les sudistes lors de la guerre civile, qui mit fin à l’esclavage. Il est devenu un modèle pour les abolitionnistes, parmi lesquels Frédérick Douglass qui fut l’un de ses plus fervents admirateurs. Le 14 février 2014, des militants ont élevé une statue en son honneur à Charleston.

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Dylann Roof posant avec son flingue et le drapeau confédéré

En commettant ce crime dans cet endroit-là, le 17 juin 2015, en plein dans la période anniversaire de ces événements, le terroriste Dylann ROOF a donc voulu cibler non seulement une communauté mais surtout manifester sa haine de la résistance, sa haine des héros qui ont tout donné pour mettre fin à ce crime contre l’humanité qu’a constitué l’esclavage.

Après l’exécution des esclaves révoltés et la destruction de leur lieu de culte, l’église épiscopale méthodiste africaine a continué son existence de manière clandestine sous le nom d’Emanuel AME (African methodist episcopal church), toutes les églises ayant été interdites. Un nouvel édifice fut enfin reconstruit en bois en 1872, mais il fut détruit par un tremblement de terre. L’Eglise actuelle a été érigée en pierres en 1891. Il existe plusieurs dizaines de ces églises AME aux Etats-Unis, fondées par des Noirs en réaction aux églises méthodistes blanches qui refusaient l’entrée du lieu de prières aux Noirs.

L’une des revendications des manifestants après la tuerie de Charleston concerne le drapeau confédéré.

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Il continue de flotter à Columbia, capitale de la Caroline du Sud. Il fut le drapeau de guerre des Etats du Sud esclavagistes ayant fait sécession en 1861. Il est le symbole du racisme et du maintien de l’esclavage. Qu’il puisse encore être hissé officiellement dans certains Etats est une insulte aux droits de l’être humain et aux principes démocratiques. Bien évidemment, il faut exiger partout de le traiter de la même manière que le drapeau à la croix gammée !

Marine Le Pen à New York : Le camouflet pour la France

Le Time Magazine, fondé en 1923, fait partie de la presse institutionnelle aux Etats-Unis. Il organise régulièrement des événements « people » qui mettent en vitrine certaines personnalités. Dans les années précédant la deuxième guerre mondiale, les responsables du magazine avaient créé « The man of the year » (l’homme de l’année) et ils ont ainsi réservé cet honneur à des individus tels que Joseph Staline ou Adolf Hitler…

Depuis 1998, le Time a mis en place le Time 100 qui célèbre les « cent personnalités les plus influentes de l’année ». Marine Le Pen fait partie de la liste 2015. Elle y côtoie notamment le Coréen Kim Jong-Un, le Français Thomas Piketty, le Pape François, Vladimir Poutine, Barack Obama, Angela Merkel, Alexis Tsipras et quelques dizaines d’autres dont de nombreux artistes et animateurs de médias… Evidemment on ne peut que se demander pourquoi un tel honneur à la chef d’un parti d’opposition arrivé troisième dans une élection qui a mobilisé moins de la moitié des inscrits dans un pays comme la France où elle n’assume aucun poste de responsabilité. C’est accorder une importance plus que démesurée à ce personnage. Comme les responsables du Time ne sont pas complètement idiots, on ne peut lire dans cette invitation qu’une petite opération politicienne dirigée contre les gouvernants français. C’est aussi une nouvelle manœuvre visant à la banalisation d’un parti fasciste dont les racines et les thèses sont une insulte pour la démocratie.

Pourtant, c’est sans hésitation que la chef du parti d’extrême droite, anti-américaine, anti-système, toujours prête à dénoncer la peopolisation, habillée comme une star d’Hollywood, s’est précipitée sur le tapis rouge avec le sourire béat de circonstance, pour assister au gala qui s’est déroulé à New York le 21 avril…

 LePEnAliot

 Marine Le Pen, qui n’a visiblement pas peur du ridicule, pour justifier sa présence, a déclaré : « nous allons arriver au pouvoir et par conséquent il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec les gens puissants dans leur pays respectif ». Quand on sait que la plupart des puissants de cette liste n’ont pas fait le voyage, et pour cause, la Marine a ainsi pu discuter tranquillement avec des gens aussi importants que Kanye West, Kim Kardashian, Julianna Moore ou tel ou tel rapeur, certes artistes reconnus, mais comme, selon son propre aveu, elle ne parle pas un mot d’anglais, il n’est pas sûr que l’échange ait pu avoir réellement lieu, ce qui est dommage pour sa propre éducation musicale et cinématographique.

En fait, par ce déplacement, elle veut montrer à son électorat qu’elle est reconnue internationalement et que sa potentialité de femme de pouvoir, est acquise à l’étranger.

Pour remercier, ses hôtes elle n’a pas hésité à affirmer « La France des oubliées n’est pas oubliée ». L’héritière Le Pen, dont le père doit sa richesse au détournement de l’immense héritage de la famille Lambert, dirigeante d’un Front national qui tire ses racines politiques dans l’ignoble collaboration avec les nazis et dans les nauséabondes actions terroristes de l’OAS, se prend pour la « France des oubliées » !

Pour tout dire, cette France de la collaboration, de l’OAS, du Front national et de la famille Le Pen, on aimerait bien l’oublier !

Philippot gaulliste ? Menteur ou crétin ?

Ce matin, lundi 6 avril 2015, invité sur ITV, le vice-président du Front National, Florian Philippot, assène à Bruce Toussaint qu’il est gaulliste. Est-il un menteur ? Un crétin ? Jugez vous-même.

Charles de Gaulle baignait, avant la guerre, dans les milieux proches de l’Action française, organisation royaliste se situant dans les mouvances de l’extrême-droite. Son bilan politique s’enracine sur deux choix fondamentaux qui ont à l’évidence marqué son existence et surtout l’image qu’en a gardée de lui la postérité, et notamment les Françaises et les Français :

1°/ La résistance à l’occupation nazie et le refus de la collaboration

En juin 1940, alors que la classe politique française, tétanisée par la défaite et l’avancée allemande occupant la France, se ralliait peu ou prou à la politique de collaboration avec les nazis, prônée par l’extrême-droite française, et choisissait de placer Philippe Pétain à la tête du pays, Charles de Gaulle, réfugié à Londres, appelait les Françaises et les Français à la résistance et commençait à mettre en place les réseaux combattants qui allaient permettre, quatre ans plus tard, à la France de faire bonne figure dans la victoire contre la barbarie nazie. Dans cette dynamique, De Gaulle, qui voulait rassembler toutes les branches de la résistance (communistes, socialistes et gaullistes), avait rompu totalement avec Charles Maurras, patron de l’Action française, passé à la collaboration la plus honteuse. Pour l’extrême droite et les collabos convaincus, l’occupation nazie fut qualifiée de « divine surprise » et ce fut pour eux l’occasion de tenter d’appliquer leur programme de haine de stigmatisation de racisme et de terreur contre la population. Et c’est avec plusieurs rescapés de cette aventure criminelle que Jean-Marie Le Pen a créé le Front national en 1973. Rappelons que le Jeune Jean-Marie Le Pen, alors étudiant en droit à la toute fin des années 1940, militait contre l’épuration qui consistait à éliminer des administrations ceux qui avaient trop collaboré avec l’ennemi.

2°/ la signature des accords d’Evian

Autre marque du Gaullisme, la décolonisation et notamment la décision de signer la paix avec les combattants algériens et de permettre l’indépendance de ce pays. L’extrême-droite, soutenant les colons les plus obtus, a toujours lutté contre toute avancée du statut de ce qu’on appelait à l’époque « les indigènes », refusant les réformes proposés par Ferhat Abbas, préconisant l’égalité républicaine entre tous les citoyens de l’Algérie. Cette inflexibilité a provoqué la révolte algérienne, débutant par la toussaint rouge, le 1er novembre 1954, s’achevant par la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 et le cessez-le-feu le 19 mars 1962. Pour tenter de bloquer ce processus, l’extrême droite crée l’Organisation de l’armée secrète (OAS) et se lance alors dans le terrorisme. Et c’est le putsch des généraux, le 21 avril 1961, ce que de Gaulle appelle « Un quarteron de généraux à la retraite », qui échoue lamentablement. Puis, ce sont des bombes et des crimes qui se multiplient, notamment la tentative presque réussie d’assassinat du général de Gaulle, le 21 août 1962. Le lieutenant-colonel Bastien Thiry, figure mythique de l’extrême-droite et du FN, jusqu’à aujourd’hui, organisateur de cet attentat, est arrêté, jugé, condamné à mort et exécuté le 11 mars 1963. De Gaulle ayant refusé sa grâce. Les anciens de l’Oas étaient nombreux à la fondation du FN, qui n’a jamais condamné cette organisation terroriste et qui continue à rendre hommage aux criminels les plus emblématiques. Récemment encore, à Béziers, le maire FN de la ville a fait débaptiser la rue du « 19 mars 1962 », pour lui donner le nom d’un activiste de l’OAS, condamné et emprisonné dans les années où de Gaulle était au pouvoir…

Alors, comment peut-on, sans mentir, sans se payer la tête des Françaises et des Français, être vice-président du FN et se dire gaulliste ?

Consultant Politique et médias