Archives du mot-clé nazi

STEPHANE RAVIER, RIDICULE ET DANGEREUX !

Le 15 juillet 2019, Stéphane Ravier, ex-maire du 7ème secteur de Marseille et sénateur des Bouches-du-Rhône, a écrit au maire de Marseille pour lui demander, à l’occasion du match de finale de la Coupe d’Afrique des nations, d’interdire les drapeaux étrangers, et particulièrement algériens, dans les rues de Marseille. Lors d’un interview à BFM, il a précisé sa « pensée » en affirmant qu’un enfant d’immigré titulaire d’une carte nationale d’identité française n’était pas un vrai français mais un français de papier. Cette affirmation ressemble curieusement au slogan de l’extrême droite d’avant-guerre : « Juif, pas français ».

Rappelons au sénateur d’extrême-droite que l’Algérie est un grand pays, ami de la France, ayant de très nombreux accords dans beaucoup de domaines avec notre pays. L’Algérie n’est en guerre contre aucun pays. De très nombreux français sont des enfants ou petits-enfants d’Algériens et plusieurs millions d’entre eux ont la double nationalité franco-algérienne.

Mais parlons plutôt du parti de Ravier, le Rassemblement national. Le 27 octobre 1972, l’ancien Waffen SS, Pierre Bousquet, se rend à la préfecture de Paris pour déposer les statuts d’un nouveau parti. Avec l’ancien tortionnaire en Algérie, Jean-Marie Le Pen, ils ont décidé de l’appeler Front national, volant ainsi sans vergogne le nom d’un des partis de la Résistance à l’occupant nazi. Le but était d’amalgamer l’immigration à l’occupant et de présenter leur parti comme un organe de résistance. Le mensonge et l’escroquerie sont la véritable matière de la propagande haineuse des fascistes. Ces mensonges n’ont pas de limite ce qui permettait à Goebbels, le maître de la propagande du régime nazi, de dire : « plus c’est gros, plus ça passe ». Avec l’aide de médias des puissances d’argent, et le soutien de politiciens de droite et de gauche, ce parti a conquis une certaine notoriété dans l’électorat français. En 2017, Marine Le Pen, dans le cadre de sa soi-disant stratégie de dédiabolisation, a changé le nom de son parti qui est devenu le Rassemblement national. Ce nom est, une fois de plus, tiré de la Collaboration. C’était le parti de Marcel Déat, qui s’est mis au service des nazis et qui a participé à leurs crimes. Déat, Doriot, et quelques autres parlaient de « divine surprise » en voyant la Wehrmacht défiler sur les champs Elysées avec les drapeaux nazis ! Marine Le Pen a ainsi voulu bien montrer la filiation de son parti avec celles des criminels au service de l’étranger, occupant la France, pourchassant les Juifs et les résistants.

Le terme de dédiabolisation a été inventé par les médias comme euphémisme pour masquer leur nature réelle. La photo de Marion Maréchal se frottant tout sourire avec Logan Djian, dit le « Duce », et à côté, le même en T-shirt, qui laisse apparaître son bras orné d’un tatouage en l’honneur de la 33e Waffen-Grenadier-Division de la SS Charlemagne, que les allemands appelaient la Division Frankreich, parce qu’elle était essentiellement composée de Français participant aux pires crimes au service de l’occupant nazi, illustre la continuité idéologique, politique et criminelle de ces gens-là.

Autre photo, celle de Marine le Pen avec un suprématiste estonien faisant le signe de ralliement des suprématistes blanc. Le tueur de Christchurch (Nouvelle-Zélande), Brenton Tarrant, avait également fait ce signe lors de son inculpation après avoir assassiné 51 fidèles dans des mosquées.

Vous avez dit dédiabolisation ? Je ne sais pas ce que le diable vient faire dans cette histoire mais, ce qui est sûr, c’est que ce sont de vrais fascistes incapables de cacher durablement leurs racines idéologiques criminelles.

Résumons-nous : Ravier écrit pour demander qu’on limite la liberté de paisibles supporters de l’une des équipe de la CAN, en qualifiant d’insupportable étranger le drapeau d’un pays ami de la France et de français de papier de nombreux Marseillais en raison de l’origine de leurs parents alors qu’il est membre d’un parti héritier de ceux qui ont soutenu l’ennemi de la France, qui ont applaudi la Wehrmacht quand elle défilait sur les champs Elysées avec le drapeau nazi, son parti qui manifeste publiquement sa continuité dans ce domaine…

Conclusion, il faut tout faire pour que le Rassemblement national n’ait plus aucun niveau de pouvoir dans notre cité phocéenne !

Marseille, le 20 juillet 2019

Jacques Soncin

France, Afrique, une histoire pavée de crimes…

Au début du XXème siècle, la France affirmait avec insolence et arrogance que le soleil ne se couchait jamais sur le drapeau français. Jolie manière pour dire que ses armées avaient occupé d’immenses territoires d’un bout à l’autre de la planète.

L’Afrique fut, il y a deux-cent mille ans, le berceau de notre humanité. Depuis 4 siècles, elle est envahie, pillée et muselée par les pays européens. De la mise en esclavage industriel, appelé commerce triangulaire, à la découpe du continent entre Néerlandais, Allemands, Anglais, Belges, Français, Portugais, Italiens et Espagnols, les Africaines et Africains ont subi l’avènement du monde moderne avec une violence inouïe, jusqu’aux décolonisations qui ne furent pas, exemptes de crimes, surtout dans le contexte de ce que l’on a appelé, « La Françafrique ».

En Europe, lors des années trente, on a assisté à des bouleversements politiques et sociaux et au développement d’une puissance criminelle en Allemagne : le parti nazi. Devant la volonté des voyous à la croix gammée de dominer le monde, la France et ses alliés entrent en guerre. En juin 1940, les forces de la Wehrmacht envahissent la France, les nazis défilent sur les Champs Elysées, l’extrême droite française se réjouit de cette « divine surprise ». Pétain prend la direction du pays et entame la collaboration avec Hitler. Mais, répondant à l’appel du 18 juin, se lève une autre France. Le Comité de libération nationale souhaite mobiliser l’ensemble de l’empire pour la libération du pays. Et, sans la contribution essentielle de l’Afrique et de ses populations, la France n’aurait jamais pu s’asseoir à la table des vainqueurs.

Issu de la lutte antinazie, composé notamment de John Petters Humphrey et René Cassin et présidé par Eleonor Roosevelt, un comité propose aux Nations unies une « Déclaration universelle des droits de l’Homme ». Ce document est adopté le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU), réunie au Palais Chaillot à Paris. C’est la première fois qu’un texte à vocation universelle reconnaît des droits inhérents à la personne humaine, quel que soit son origine, son genre, son lieu de vie et son niveau social : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité » (art.1).

Les idéaux portés par la résistance ont contaminé les territoires sous domination française.

Pourtant, cet esprit de fraternité a rapidement été mis à l’épreuve. Pendant que les autorités militaires allemandes signaient leur capitulation à Berlin face aux alliés, dont la France, des Algériens se réunissent à Sétif, le 8 mai 1945, pour fêter l’effondrement des nazis. Des drapeaux algériens et des pancartes réclamant l’indépendance sont brandis par la foule. Un policier tire et tue celui qui portait le drapeau. La foule manifeste sa colère, des Français sont frappés. L’armée intervient et des massacres sont commis. Les soldats ratissent la région du Constantinois et de la Kabylie orientale.

L’armée assassine à Sétif, Annaba-Bône, à Melbou et Béjaïa, à Constantine, Guelma et Kherrata. La répression impitoyable aboutit à plusieurs dizaines de milliers de morts. La responsabilité de ce massacre est portée par le premier gouvernement de la libération, composé de toutes les tendances de la Résistance, sous la présidence du Général de Gaulle, de Charles Tillon (communiste) à Pierre Mendes-France, de François Billoux à René Pléven.

En 1947, c’est face au soulèvement malgache que l’armée s’est dressée avec une violence criminelle inouïe. On parle de près de 100.000 morts sur l’île de Madagascar ! Aujourd’hui encore, cette insurrection et les crimes qui l’ont écrasée sont commémorés par un jour de deuil national, chaque 29 mars.

La France ne tiendra pas les promesses de la résistance aux peuples colonisés. Dès le début des années 1950 elle développe sa guerre contre les forces indépendantistes en Indochine, jusqu’à Diên Biên Phu, le 7 mai 1954, où l’armée française subit une cuisante défaite et aux accords de Genève en juillet 1954.

Après cette date, les USA prennent la succession de la lutte contre les peuples d’Indochine. Le 1er novembre 1954, c’est la Toussaint rouge en Algérie. La lutte de libération dure sept ans, les gouvernements successifs mobilisent même le contingent. Ce sera une sale guerre, avec tortures, viols et tueries de masse. Le gouvernement algérien évoque un million de morts.

Pour tenter de stériliser les luttes d’indépendance, la France concocte un projet d’Union française sous les auspices de laquelle des indépendances sont octroyées aux pays sous domination coloniale. Elle impose un système monétaire, avec le franc CFA (franc des Colonies françaises d’Afrique devenu aujourd’hui le franc de la Communauté financière africaine) et des hommes qui lui sont favorables à la tête des Etats. Sékou Touré, de la Guinée Conakry, qui refuse se système se verra imposer des mesures très agressives contre l’économie de son pays. Modibo Keïta qui veut lui aussi donner une autre direction à la politique du Mali sera destitué et arrêté par Moussa Traoré avec le soutien de la France.

Au Cameroun, il existe un fort mouvement indépendantiste organisé dans l’Union des populations du Cameroun (UPC). A l’indépendance, Jacques Foccart, de sinistre mémoire, installe un gouvernement fantoche présidé par Ahmadou Ahidjo. A partir de ce moment, en finir avec l’UPC devient la priorité de la France et de sa marionnette. De véritables massacres en seront la sinistre conséquence.

Mongo Béti, auteur du livre, interdit en France sous Pompidou : « Main basse sur le Cameroun »

Le gouvernement de Charles de Gaulle envoie cinq bataillons d’infanteries commandés par le général Max Briand, vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie, surnommé « le Viking », ainsi qu’un escadron d’hélicoptères et de chasseurs bombardiers. Ce sont les Bamilikés qui paieront la plus grosse note de cette guerre avec près de cent mille morts.

Aux Comores, après le référendum d’indépendance, un gouvernement est mis en place le 3 août 1975. Ali Soilihi Mtsachiya devient le chef d’Etat le 3 janvier 1976. Il tente une politique progressiste et différente de celle voulue par la France. Le Barbouze français, Bob Dénard, le renverse pour le remplacer par Ahmed Abdallah. Ali Soilihi est assassiné le 29 mai 1978. L’utilisation par la France d’une organisation clandestine et criminelle comme la « Main rouge » ou de barbouzes comme Bob Dénard ou le Capitaine Barril est une pratique courante. On retrouvera d’ailleurs Bob Dénard et le Capitaine Barril au Rwanda, au service du gouvernement français, aux côtés des génocidaires, en 1994.

La méthode de la France est toujours à l’œuvre, comme on l’a vu au Burkina Faso, où le Chef de l’Etat, Thomas Sankara, mettant en place une politique dont ne voulait pas la France a été assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou.

Son armée est partout et intervient à volonté de la Libye à la Côte d’ivoire en passant par les Congo. Elle impose ou tente d’imposer ses hommes de pailles à la tête des Etats. On a pu le constater lors des dernières élections au Gabon qui ont donné la majorité à Jean Ping et c’est Ali Bongo Ondimba (fils et successeur d’Omar Bongo) qui est resté à la tête du pays avec l’aval de la France.

Pour en finir avec cette politique et ces méthodes il faut la vérité et la justice, c’est indispensable pour permettre aux peuples de renouer des rapports tenant compte de l’histoire et préparant l’avenir.

Notre humanité est actuellement confrontée à des échéances qui pourraient remettre en cause sa pérennité. Il faut une gouvernance mondiale, des mesures fortes et universelles. Pour que cela soit possible, nos peuples doivent trouver la voie de la collaboration fraternelle, c’est l’enjeu de la confrontation avec la vérité et du choix de la justice.

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » (Martin Luther-King)

Marseille, le 28 janvier 2019

Jacques Soncin

 

Information – Réunion à Marseille, au MUCEM

Le 31 janvier 2019, de 18h à minuit, « Marseille en commun » organise avec le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), dans le cadre de la nuit des idées, une soirée sur le thème : Résistances africaines / Mémoire partagée et vivante des libérations – Sortir de l’oubli.

16 ET 17 JUILLET 1942 : LA RAFLE DU VEL D’HIV ET LE SIEGE DE STALINGRAD

Le Président Macron, 75 ans après la rafle du Vel d’Hiv, a organisé une grande manifestation pour commémorer l’un des forfaits les plus ignobles de l’Etat français. Mais si ce crime est révélateur de ce que sont les classes dirigeantes de notre pays, il nous instruit aussi sur la manière dont on édulcore le processus qui a conduit à sa réalisation ainsi que sur l’impunité dont ont bénéficié ceux qui, à des titres divers, ont permis cette horreur.

En 1942 et depuis Montoire où Pétain s’était engagé dans une politique de collaboration avec les nazis, soutenue par l’essentiel de l’Etat français (Police, justice, administration, industrie et même clergé…), une grande partie de « l’élite » pense qu’Hitler peut gagner et attend qu’il « nous débarrasse du bolchévisme », c’est-à-dire, à cette époque, de l’Union Soviétique.

Montoire

La plupart des politiques et des hauts fonctionnaires sont dans une entreprise de séduction de l’occupant, il s’agit de lui montrer qu’on est loyal, qu’on en rajoute sur ses crimes et, parmi eux, il y a ceux qui partagent peu ou prou l’idéologie nazie et ceux qui veulent seulement conserver leur place ou en gagner une meilleure.

Et c’est ainsi que des gens comme René Bousquet, Jean Legay ou Victor Barthélémy (cet ancien communiste, proche de Doriot, à la tête de sa milice, a participé à la rafle en tant que supplétif de la police française. Plus tard, en 1973, il fondera le Front national avec JM Le Pen et il en sera le secrétaire général) vont mettre toute leur énergie pour contribuer à cette ignominie. René Bousquet, secrétaire général de la Police de Vichy, proposera même aux Allemands, qui lui demandaient d’arrêter tous les Juifs de plus de quinze ans, de baisser la barre à deux ans pour cette rafle du Vel d’Hiv. Il a aussi mis la police française à disposition pour diligenter les arrestations. Et la police française a réalisé ce sale boulot sans manifester beaucoup d’état d’âme.

Rappelons aussi que François Mitterrand, qui devient l’ami de Bousquet pendant la collaboration, est au service de Vichy où il travaille au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre. Mission qui lui vaudra, sous le parrainage de deux anciens de la Cagoule (groupe d’extrême droite, adepte des coups de force, actif à l’époque du front populaire), d’être décoré de la plus haute distinction de ce régime : la Francisque.

A la même époque, les Allemands avaient décidé de déclencher l’opération Barbarossa. Tous les réactionnaires du monde, y compris le Pape, souhaitaient qu’Hitler détruise l’URSS. Les Soviétiques, surpris par cette offensive, en contradiction avec le pacte germano-soviétique qu’ils avaient signé avec les nazis en 1939 sur le corps de la Pologne, se reprennent après une avancée fulgurante des troupes allemandes et de leurs alliés roumains, italiens, hongrois et croates. Le 17 juillet 1942, le jour de la rafle, l’armée allemande et ses alliés arrivent aux portes de Stalingrad. Et en quelques mois tout va s’inverser. Les Allemands sont confrontés à une résistance héroïque et désespérée qui les bloque dans la ville. Plus les semaines passent et plus leurs difficultés s’accroissent. L’hiver venant, la situation devient impossible et le 2 février 1943, après avoir perdu 400.000 soldats, les Allemands se rendent. 91.000 sont alors fait prisonniers par les soviétiques dont 2.500 officiers. Quant au Maréchal Friedrich Paulus, le plus haut gradé de la Wehrmacht, il a été le premier capturé, le 31 janvier, et il va très rapidement accepter de collaborer avec les  services de Staline. 800.000 soviétiques, dont de nombreux civils, ont laissé leur vie dans les combats de Stalingrad. La machine soviétique se met alors en marche vers l’Allemagne et plus rien ne va l’arrêter.

Ce jour-là tout le monde comprend qu’Hitler a perdu la guerre et la seule question encore en suspens c’est de savoir quelle armée, américaine ou soviétique, arrivera en premier à Berlin. A partir de février 1943 la résistance va se gonfler de tous les collabos opportunistes : Mitterrand et Bousquet en sont, chacun dans sa catégorie, de significatives illustrations. Les services rendus à la Résistance depuis  ce moment-là leur permettront d’assurer leur défense pour les lendemains de la libération.

Et, effectivement, de nombreux collabos, pourtant de premier plan, comme Bousquet, passeront au travers des mailles du filet de l’épuration parce qu’ils ont su très vite se mettre du bon côté, après avoir fait le même choix, quelques années plus tôt, au service de Pétain. Il faudra attendre des décennies pour que des comptes soient demandés à Touvier, à Papon (responsable de la déportation de centaines de Juifs, dont de nombreux enfants, sous Pétain, en tant que secrétaire général de la préfecture de Bordeaux et qui, 20 ans plus tard, préfet de Police de Paris, le 17 octobre 1961, organise le massacre d’une manifestation de travailleurs algériens dans la capitale) ou à Bousquet. Ce dernier a pu mener une lucrative carrière à la Banque d’Indochine. De ce poste, il a assuré le financement des campagnes présidentielles de Mitterrand en 1965 contre de Gaulle et en 1974 contre Giscard d’Estaing. Il a aussi pris la direction de la Dépêche du Midi en 1959.

Lorsque l’heure des comptes arrive, notamment après les révélations de Serge Klarsfeld, à la fin des années 1980, sur son rôle dans la rafle du Vel d’Hiv, son ami Mitterrand est alors président de la République. Il fait tout son possible, avec l’aide de son ministre de la justice, Georges Kiejman, pour éviter le procès, qui pourrait aussi l’éclabousser.

Et alors que la possibilité d’une action judiciaire se précise, le 8 juin 1993, il est assassiné par Christian Didier, présenté comme un déséquilibré. Et le dernier procès tenable concernant Bousquet sera celui de son assassin, condamné à dix ans de prison en 1995 et qui n’en fera que cinq…

951106ChristianDidier

Quant à Mitterrand il passe pour la figure emblématique de la gauche après avoir milité dans sa jeunesse dans les rangs de la Cagoule, travaillé pour le régime de Vichy et avoir été décoré de la Francisque, avoir combattu le peuple algérien (« l’Algérie c’est la France, la seule négociation c’est la guerre »). Après son arrivée au pouvoir en 1981, il a écrit à la Haute autorité pour ouvrir les portes des grandes chaînes de télévision à JM Le Pen, ce qui permettra au Front de la haine (dont Victor Barthélémy était le secrétaire général quelques années plus tôt) de s’inscrire durablement dans le champ politique français. Président de la République, il a fait fleurir chaque année la tombe du Maréchal Pétain. Il a donné l’appui de la France à la première guerre contre l’Irak, qui a déstabilisé toute la région pour des décennies. Et il a fini sa présidence en apportant sa complicité aux génocidaires rwandais. Ce qui est clair, c’est qu’il est bien représentatif d’une certaine France, mais pas de celle qu’on aime le plus !

La France n’a jamais vraiment réglé la question du comportement de son appareil d’Etat dans cette période et la multiplication des commémorations, des déclarations grandiloquentes et des leçons d’histoire à géométrie variable ne constituent en réalité que la manifestation de ce profond malaise français.

Joyeuse, le 17 juillet 2017

Jacques Soncin

LA GUERRE DES ONDES

Le 28 juin 1944, après plusieurs jours de planques et de repérages, un commando dirigé par Morlot s’engouffre vers 6h du matin dans le n°10 de la rue de Solférino à Paris. Morlot et l’un de ses camarades pénètrent brutalement dans la chambre ou dort un couple. Réveillée, la femme hurle, l’homme panique. Les coups de feu claquent, il est touché. Morlot s’avance et lui inflige le coup de grâce. Ainsi est mort Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’information et à la propagande du gouvernement Laval, sous Pétain. Après cette action, les miliciens se déchaînent pour retrouver les responsables : arrestations, tortures, représailles. Mais ils ne remonteront jamais jusqu’à Morlot.

Qui est Morlot ?

Morlot est le pseudonyme de Charles Gonard, un résistant intrépide et courageux. Quelques jours avant l’exécution d’Henriot, il a organisé l’évasion de Jean-Pierre Lévy, responsable du mouvement Franc-tireur, un des chefs de file du Conseil national de la résistance. Dès 1941, après la débâcle, dégoûté par le pétainisme, après avoir essayé en vain de rejoindre Londres, Charles Gonard, qui n’a pas encore vingt ans, s’engage contre l’occupant. Envoyé dans le sud de la France, il multiplie les actions contre les Allemands et leurs collabos à Marseille et Nice : sabotages, exécutions de traîtres, attaques contre la milice. En février 1944, il intègre à Paris le Comité d’action militaire (COMAC) et à seulement 23 ans, il forme les groupes francs des FFI et il réorganise la structure du réseau malmené par la répression. Son groupe composé professionnellement d’experts et de praticiens de la clandestinité, détruit les fichiers du STO et liquide des membres français de la Gestapo (Geheime Staatspolizei). Une fois la France libérée, Charles Gonard a mené une vie « normale », il a dirigé la compagnie chérifienne des textiles au Maroc et il a élevé plusieurs enfants… Il s’est éteint le 12 juin 2016 à Vence, dans les Alpes Maritimes, à l’âge de 95 ans.

Philippe Henriot

Philippe Henriot, né en 1889, est issu d’une famille catholique, de droite et antisémite. Il fait ses études à l’Institut catholique de Paris. Il est nommé professeur de lettres dans le privé. Par la suite il prend la direction du journal de l’Action catholique à Bordeaux. Il entamera une carrière d’activiste politique d’extrême-droite en participant aux manifestations des Croix de feu, qui ont menacé la République. Dans l’entre-deux-guerres, Henriot est germanophobe et belliqueux envers l’Allemagne. Mais l’arrivée d’Hitler au pouvoir le radoucit et il devient partisan de l’entente avec l’Allemagne. Au moment de la débâcle, il est député. Dès 1940, le défilé de troupes nazies à Paris, pour lui, comme pour le reste de l’extrême-droite, constitue une « divine surprise ». Il se rallie à Pétain. Très rapidement, il devient la voix du régime de Vichy. Deux fois par jour, sur Radio Vichy ou sur Radio Paris, il vitupère contre la résistance, la France-libre, le Général de Gaulle, les communistes. On l’entend partout en France sur les ondes de Radio Paris. La Radio de la résistance, au micro de la BBC, lui répond et une espèce de guerre des ondes s’instaure ainsi pendant cette période.

Pierre DAC

André Isaac, alias Pierre Dac, est un humoriste, né en 1893. Il s’engage dès le début dans la résistance. Sa chaleur, son intelligence et son humour feront des ravages sur la Radio de la Résistance. C’est lui qui a mis au point la ritournelle : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand« , que tout le monde connaît et parfois fredonne à cette époque. Un échange entre les deux hommes donne une idée de ce qu’était le versant radiophonique de la guerre impitoyable entre collabos et résistants.

Tout commence lorsque Pierre Dac, avec sa causticité imparable, raille un discours de Philippe Henriot depuis l’antenne londonienne. Ce dernier réplique ainsi, le 10 mai 1944, au micro de Radio Paris :

« Assurément, personne n’est obligé de se rendre à mes arguments et tout le monde a le droit d’ironiser sur ce que je dis (…) Mais où nous atteignons les cimes du comique, c’est quand notre Dac prend la défense de la France. Vraiment les loufoqueries de l’Os à moelle ne m’ont pas toujours fait rire, mais le juif Dac s’attendrissant sur la France, c’est d’une si énorme cocasserie qu’on voit bien qu’il ne l’a pas fait exprès. Qu’est-ce qu’Isaac, fils de Salomon peut bien connaître de la France, à part la scène de l‘ABC où il s’employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l’écoute ? Et il faut vraiment qu’on soit bien à court d’avocats chez vos patrons pour être tombé de Bénazet en Isaac et s’être résigné à accepter comme porte-parole un homme dont le pseudonyme fait un bruit de chute qui apparaît déjà comme un présage… » (Editoriaux de P. Henriot, fascicule n°12)

La réponse de Pierre Dac au micro de la BBC est cinglante et sans appel :

« Puisque vous avez si obligeamment cité au cours de votre laïus me concernant, les noms et prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous dire que vous en avez oublié un, celui de mon frère. Si d’aventure vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux, tournez à gauche dans l’allée et à la sixième rangée, arrêtez-vous devant la dixième tombe. C’est là que reposent les restes de celui qui fut un beau, brave et joyeux garçon fauché par un obus allemand, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère. Sur la modeste pierre tombale, sous ses noms et prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription  : Mort pour la France à l’âge de 28 ans. Voilà Monsieur Henriot, je le répète, ce que signifie pour moi la France. Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription. Elle sera ainsi libellée : Philippe Henriot mort pour Hitler, fusillé par les Français. Bonne nuit, Monsieur Henriot. Et dormez bien… si vous le pouvez  ». (Cité par Hervé le Boterf, la vie parisienne sous l’occupation, tome II France-Empire, 1975)

La prophétie de Pierre Dac se réalisera moins de deux mois plus tard. Evidemment, on ne peut pas comprendre la violence de ces échanges radiophoniques si on oublie les crimes terribles d’Hitler et de ses complices, la Gestapo, les tortures, les déportations, les camps de concentrations, les chambres à gaz, ces crimes qui ont fait pendant toute la durée de la guerre presque 50 millions de morts sur toute la planète… Après la guerre, Pierre Dac reprend son activité d’humoriste. Son duo avec Francis Blanche remportera un véritable succès et sa popularité ne faiblira pas jusqu’à sa mort, le 9 février 1975.

A l’époque, la radio n’a que quelques dizaines d’années d’existence, pourtant ce média a déjà pris une importance considérable dans la vie des populations. Tout le monde, dans ces années là, colle son oreille au récepteur pour écouter les voix crachotantes et parasitées de la BBC ou celles tonitruantes et claires de Radio Paris. Les puissances financières et politiques convoitent déjà ce puissant moyen de communication pour influer sur les peuples et les  opinions publiques. Hitler et Goebbels ont su l’utiliser à leur profit pour compléter le dispositif qui a mis le peuple allemand à leur botte. Mais ce poids du média n’était qu’un début et il va se développer, surtout avec l’apparition de nouveaux moyens, jusqu’à aujourd’hui.

Marseille, le 28 juin 2017

Jacques Soncin

Ne touchez pas au code de la nationalité !

Le 13 janvier 2015, les crimes ignobles commis à Paris par des commandos se revendiquant de l’organisation terroriste DAECH ont provoqué une immense émotion dans notre pays et bien au-delà en Europe et dans le monde.

Les coupables ont été traqués par la police française et en une semaine l’essentiel de ceux qui y avaient participé directement ont été tués ou arrêtés.

Le gouvernement et les principaux partis politiques de droite et de gauche se sont livrés à une surenchère de déclarations et d’analyses disproportionnées avec les évènements.

On a parlé d’état de guerre et on a décrété l’état d’urgence pour trois mois à la quasi-unanimité du Parlement puis du Sénat.

Les médias ont provoqué une véritable psychose en faisant de ces attentats l’unique sujet de leurs diverses émissions et repassant en boucle les scènes les plus évocatrices de ces crimes.

C’est dans ce contexte, que le Président de la République, François Hollande, a évoqué une mesure gravissime. Il propose de revoir le code de la nationalité pour rendre possible la déchéance de la nationalité pour des individus nés en France, de nationalité française, qui auraient une double nationalité et qui se seraient rendus coupables d’actes de terrorisme.

Evidemment, dans les esprits de ceux qui proposent un tel texte, cette mesure frapperait uniquement ceux qui auraient commis des crimes ou délits dans le cadre d’une action terroriste. Donc des individus qui seraient soit en fuite soit en prison. On imagine donc aisément que pour eux la question de la nationalité ne serait pas leur problème principal et donc que cette mesure n’aurait aucun impact ni préventif ni punitif sur eux.

A qui s’adresse donc cette déchéance ? Elle vise tout simplement une population déjà inquiète, qu’il faudrait rassurer, et en faveur de laquelle il conviendrait de prendre des décisions qui lui permettent de se sentir totalement acceptée dans la société française. Au lieu de cela, qu’on le veuille ou non, la seule conséquence d’une loi rendant possible la déchéance de la nationalité pour les seuls binationaux serait de montrer à l’ensemble de la population de ce pays qu’il y a deux catégories de Français. Et par conséquent de renforcer ce que Manuel Valls lui-même désignait comme de l’apartheid.

En créant une nouvelle différence institutionnelle on aggravera ce phénomène. Comme on le sait bien, le but des terroristes, c’est justement de détériorer notre tissu social. Et une telle décision serait une belle victoire pour eux et faciliterait incontestablement leur propagande !

Cette modification du code de la nationalité est réclamée depuis toujours pas l’extrême droite qui, dans son projet fondé sur la haine et la division des Français, a toujours cherché à exclure de la communauté nationale les sujets de leur détestation : les Juifs, les Arabes, les Roms et autres…

Quand l’extrême-droite est arrivée au pouvoir en juin 1940, dans le sillage de l’occupation nazie, ce fut l’une de ses premières obsessions : dès le 22 juillet 1940, Pétain promulgue la loi sur la dénaturalisation, ensuite c’est la mise en place du statut des Juifs et la déchéance de leur nationalité, permettant notamment leur déportation en Allemagne.

Charles de Gaulle lui-même a été déchu de la nationalité française à dater du 2 août 1940.

Faut-il vraiment entrer dans ce domaine habituellement familier aux fascistes ?

Voici un exemple de tract des fascistes, juste avant l’invasion des troupes nazies en France, qui montre toujours la même logorrhée :

  36TractAF

Dans les moments difficiles, un gouvernement digne de ce nom a pour mission d’unir la population pour faire face à ce qui la menace. Comment ne pas comprendre que décider qu’une partie des français est moins française que les autres augmenterait inévitablement les antagonismes et les fractures sociales ?

Ce n’est pas Les Républicains (ex-UMP) et le Front national qu’il faut unir, c’est notre population qu’il faut rassembler ! Pour cela on doit lui envoyer des messages positifs.

La déchéance de la nationalité serait dans ces conditions la pire des décisions possibles. Elle ouvrirait un véritable boulevard au Front national de Marine Le Pen. Surtout que, demain, il n’est pas exclu que d’autres forces politiques s’emparent du pouvoir et cette modification constitutionnelle leur permettrait de prendre des mesures bien plus désastreuses.

Non, non et non, il ne faut pas toucher au code de la nationalité.